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Urgences psychiatriques et interventions de crise - Institut wallon ...

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accé<strong>de</strong>r.Faites un test : téléphonez dans un SSM <strong>de</strong>Liège, dites que votre mé<strong>de</strong>cin traitant vousrecomman<strong>de</strong> un entr<strong>et</strong>ien…, vous verrezles délais. Téléphonez en polyclinique pourrencontrer un psychiatre, vous n’aurez pasun ren<strong>de</strong>z-vous rapi<strong>de</strong>ment.C<strong>et</strong> aspect n’est pas propre à l’urgence, il estlié à l’organisation <strong>de</strong>s soins.Je viens <strong>de</strong> terminer une grosse étu<strong>de</strong> sur lesuici<strong>de</strong> avec le CHR sur 600 patients. 80%<strong>de</strong>s patients qui ont fait une tentative <strong>de</strong>suici<strong>de</strong> ont vu un intervenant en santé dansle mois qui précédait, en moyenne 8 joursavant leur tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>. 60 % ont vu unmé<strong>de</strong>cin traitant, 30 à 40 % un mé<strong>de</strong>cin-psychiatre,10 % sortaient d’une hospitalisationpsychiatrique dans le mois.Qu’est-ce que vous en tirez commeconclusions ?Indéniablement, que l’accessibilité aux soinspose question. Je pense que l’on est dansune organisation <strong>de</strong>s soins qui ne correspondplus aux problèmes <strong>et</strong> aux pathologies<strong>de</strong>s gens, mais je ne suis peut-être pasassez neutre pour élaborer une théorie surle suj<strong>et</strong>…Je dirais, <strong>de</strong> manière générale, que dansle cadre d’un processus <strong>de</strong> désinstitutionalisation<strong>de</strong> la psychiatrie, on est passé <strong>de</strong>la dictature asilaire où l’on hospitalise <strong>et</strong>médicalise à tour <strong>de</strong> bras à la dictature duproj<strong>et</strong> où, au bout <strong>de</strong> 3 jours, on renvoie lapersonne chez elle en lui <strong>de</strong>mandant : quelest ton proj<strong>et</strong> ?Il ne faut pas s’étonner que les personnes ensouffrance se r<strong>et</strong>rouvent dans les interstices<strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> soins, c’est-à-dire, les services<strong>de</strong>s urgences <strong>et</strong> les services sociaux.Il faut sortir d’une logique psychothérapeutiquepure. On est dans une approche trèslinéaire où chacun travaille <strong>de</strong> façon trèsindividuelle sur un créneau <strong>et</strong> pourtant, onest <strong>de</strong> plus en plus confrontés à <strong>de</strong>s troublesdépressifs, anxieux qui sont directement liésau contexte, au marasme socio-économique<strong>et</strong> culturel. Nous <strong>de</strong>vons aujourd’huidévelopper une visée commune qui tiennecompte <strong>de</strong> ces questions <strong>de</strong> santé mentale <strong>et</strong>développer une approche qui ai<strong>de</strong> réellementla population 1 Le service d’urgences psychiatrique travaille aussiavec un équivalent temps plein psychiatre <strong>et</strong> avecun équivalent temps plein assistant psychiatre.2 Le Centre Alpha <strong>et</strong> le Clips sont <strong>de</strong>ux services <strong>de</strong> santémentale.En 1992, l’Hôpital Vincent Van Gogh a été choisi par le Ministère <strong>de</strong> la Santé avec Brughman (Bruxelles) <strong>et</strong> Stuyvenberg (Anvers) pour participerà une étu<strong>de</strong> pilote d’urgences <strong>psychiatriques</strong> <strong>et</strong> d’unité <strong>de</strong> <strong>crise</strong> (Sicup) 1 . Ici, contrairement au CHR La Cita<strong>de</strong>lle, le service d’urgencespsycho-médico-sociales est distinct du service d’urgences générales, tout en étant également accessible 24H sur 24. Les infirmiers y tiennentun rôle <strong>de</strong> première ligne : ils sont appelés à examiner la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, à la déco<strong>de</strong>r si nécessaire, à faire un bilan <strong>de</strong> la situation du patient <strong>et</strong> <strong>de</strong>ses ressources potentielles. Un référent urgentiste est chargé <strong>de</strong> l’évaluation médicale ; quant au psychiatre, il finalise l’anamnèse, pose undiagnostic <strong>et</strong> propose <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> suivi.Il s’agit donc, prioritairement, <strong>de</strong> s’assurer que la personne ne présente aucun danger pour elle ou son entourage. S’il n’y a pas un réel état<strong>de</strong> <strong>crise</strong>, dans le cas <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sevrage par exemple, la personne est invitée à rencontrer un ergothérapeute ou un assistant social quiregar<strong>de</strong>ra comment orienter au mieux sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> vers une ai<strong>de</strong> adaptée.Le Sicup a été mis en place pour réduire le nombre d’hospitalisations notamment dans le cas <strong>de</strong> souffrances psycho-sociales.L’objectif semble atteint. En moyenne, chaque année, 3.600 personnes ont recours à ce service.60 à 70% d’entre elles repartent sans avoir fait l’obj<strong>et</strong> d’une hospitalisation. Elles ont toutefois la possibilité, en situation réelle <strong>de</strong> <strong>crise</strong>, <strong>de</strong>séjourner dans le service à concurrence d’un maximum <strong>de</strong> 72h 2 , le temps <strong>de</strong> se « poser », <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en mots leurs difficultés, <strong>de</strong> pouvoir prendredu recul, d’être entendues, apaisées.Outre un diagnostic psycho-médico-social réalisé par une équipe pluridisciplinaire, il est donc proposé à la personne en souffrance d’avoir unpoint d’ancrage qui lui perm<strong>et</strong>te d’instaurer ou <strong>de</strong> restaurer un dialogue <strong>et</strong> d’impulser un suivi avec les professionnels extérieurs pour qu’ilsassurent le relais. Reste à savoir si ce relais est effectif, adéquat ; si la personne se présente à la porte d’autres services, si elle y est accueillie<strong>et</strong> si cela correspond réellement à ses besoins. Aucune évaluation ne perm<strong>et</strong> à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> le confirmer. Une lacune à combler ? « Le nombre<strong>de</strong> consultants est en augmentation. Notre service, en raison <strong>de</strong> l’offre particulière qu’il offre, est confronté à <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> place. Celalaisse peu <strong>de</strong> temps pour s’enquérir du <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s patients », nous répon<strong>de</strong>nt personnel <strong>et</strong> direction. Une évaluation n’est donc pas à ce jourenvisagée, à moins <strong>de</strong> bénéficier d’un budg<strong>et</strong> spécifique. Elle s’effectue <strong>de</strong> manière informelle précise-t-on encore, dans le cadre <strong>de</strong> réunions<strong>de</strong> coordinations qui rassemblent, périodiquement, les différents partenaires hospitaliers <strong>et</strong> extrahospitaliers du territoire sur le travail réalisé en« toxicomanie » ou en « pédopsychiatrie » par exemple.1 Voir à ce suj<strong>et</strong> l’article en pages 40 <strong>et</strong> 41 du dossier « Adolescence <strong>et</strong> conduites à risques » publié en septembre 2004 dans Confluences n°7.2 Le Sicup a un potentiel <strong>de</strong> 4 chambres individuelles, 2 chambres <strong>de</strong> contention (sous surveillance caméra pour les personnes présentant <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> confusion, d’agitationou qui sont sous l’emprise d’un taux élevé d’alcoolémie), <strong>et</strong> 2 lits monitorisés (pour les personnes présentant un surdosage aux médicaments). Une salle <strong>de</strong> séjour <strong>et</strong> une salled’attente complètent l’infrastructure <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te unité.DOSSIERConfluences n°11 septembre 200531

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