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Urgences psychiatriques et interventions de crise - Institut wallon ...

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La notion d’urgencedans un centre d’écoute téléphoniqueLes hôpitaux ne sont pas les seuls témoins <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> <strong>crise</strong> <strong>et</strong>d’urgence. Le Samu, les pompiers, la police ou encore les services d<strong>et</strong>éléphonie comme le Centre <strong>de</strong> Prévention du Suici<strong>de</strong> sont eux aussi sollicités.Comment, ce <strong>de</strong>rnier, réagit-il aux appels aux secours qui lui sontformulés <strong>et</strong> quel est précisément son champ d’intervention ? Le GroupeBelge d’Etu<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Prévention du Suici<strong>de</strong> nous fait part <strong>de</strong> sa réflexionen la matière.Alain Gontier,Psychologue, formateur <strong>de</strong>s répondants bénévolesau Centre <strong>de</strong> Prévention du Suici<strong>de</strong>un mé<strong>de</strong>cin qui est dans l’action <strong>et</strong> peut poserun geste thérapeutique, le répondant doit tenteravec l’appelant <strong>de</strong> restaurer un espace/tempsrelationnel qui échappe à la spirale auto<strong>de</strong>structrice.Certain(e)s nous disent d’ailleurs leurfrustration face à c<strong>et</strong>te situation, leur envie- impossible à assouvir… - <strong>de</strong> prendre leurveste <strong>et</strong> <strong>de</strong> courir au secours <strong>de</strong> la personneen ligne. Ce traitement particulier <strong>de</strong> l’urgenceimplique donc pour ceux qui le m<strong>et</strong>tent enœuvre un sentiment spécifique d’angoisse <strong>et</strong>d’impuissance qu’il importe <strong>de</strong> gérer à travers<strong>de</strong>s supervisions.« L’urgence » ne figure pas au rang <strong>de</strong>s questionstravaillées lors <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s bénévolesamenés à assurer l’écoute <strong>de</strong> la ligned’appel téléphonique du Centre <strong>de</strong> Préventiondu Suici<strong>de</strong>. Pourtant, c<strong>et</strong>te « urgence » vase r<strong>et</strong>rouver au cœur <strong>de</strong> la relation que lesrépondants seront amenés à nouer avec lesappelants. Il n’y a toutefois là ni paradoxeni contradiction mais bien, au contraire, uneconséquence logique du traitement réservé icià ladite urgence.La spécificité <strong>de</strong> l’action menée à traversnotre ligne d’écoute est <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ordres : d’unepart, l’urgence à prendre en charge n’est pasmatérialisée (à l’exception <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong>suici<strong>de</strong> en cours) mais s’exprime à traversla parole ; d’autre part, la réponse à c<strong>et</strong>teurgence ne passe pas par <strong>de</strong>s actes mais parla reconstruction d’un espace <strong>de</strong> pensée là oùil n’existait plus.C<strong>et</strong>te approche originale <strong>de</strong> l’urgence, en ruptureavec le modèle traditionnel dans lequelun acte/solution vient répondre à une situation/problème,peut être déstabilisante aussibien pour l’appelant que pour le répondant.En eff<strong>et</strong>, le premier moteur <strong>de</strong> l’appel reste laquête d’une parole ou d’un acte qui serait LAsolution, la posologie perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> guérir dumal-être : « J’ai un problème… Qu’est-ce que jedois faire ? » Face à c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, le rôle durépondant va être <strong>de</strong> déplacer progressivementle focus pour sortir <strong>de</strong> l’immédiat<strong>et</strong>é <strong>et</strong> amenerl’appelant à récupérer du jeu, <strong>de</strong> l’espace <strong>et</strong>du temps, dans une situation qui apparaissaittotalement crispée.Si c<strong>et</strong>te démarche est parfois difficilementacceptée par les personnes en <strong>crise</strong>, ellepeut également s’avérer problématique pourcelles <strong>et</strong> ceux qui les écoutent. L’expériencedémontre en eff<strong>et</strong> la difficulté pour le répondant<strong>de</strong> ne pas se laisser emporter par le sentimentd’urgence qui habite l’appelant, <strong>de</strong> résisterau désir <strong>de</strong> se lancer dans une recherche unpeu affolée <strong>de</strong> « l’issue <strong>de</strong> secours » … <strong>et</strong> <strong>de</strong>se précipiter par là même dans un cul <strong>de</strong> sac.Car, en s’engageant dans c<strong>et</strong>te voie, le répondants’enfermerait dans un entonnoir où laperspective se réduit progressivement à zéro.« Je vais me suici<strong>de</strong>r. » - « Non, ne faites pasçà. » - « Et pourquoi pas ? Dites-moi une chosequi pourrait m’empêcher <strong>de</strong> le faire ! » - « Je nesais pas quoi vous dire… ».Le travail <strong>de</strong> formation veille donc à détacher lerépondant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te notion d’urgence en s’attachantà un travail en profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’appel. Lecadre <strong>de</strong> travail constitue à c<strong>et</strong> égard un alliéprécieux. Le contact s’opérant par l’intermédiairedu téléphone, qui plus est dans l’anonymat,il existe, <strong>de</strong> fait, une impossibilité d’agir …autrement que par la parole. Contrairement àSignalons pour terminer que ce type <strong>de</strong> travaila ses limites <strong>et</strong> ne peut s’opérer lorsque l’appelantest dans un état d’angoisse <strong>et</strong> <strong>de</strong> confusionémotionnelle trop important. Il s’agit alors <strong>de</strong>l’orienter vers les urgences <strong>psychiatriques</strong> <strong>et</strong>une prise en charge thérapeutique. De même,dans le cas d’un suici<strong>de</strong> en cours, la prioritérési<strong>de</strong> dans un dialogue perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> briserl’anonymat <strong>et</strong> d’envoyer <strong>de</strong>s secours.Le Groupe Belge d’Etu<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Prévention du Suici<strong>de</strong>a créé une Cellule d’Intervention Psychologique(CIP) qui assure un relais entre le milieu médical <strong>et</strong>les intervenants thérapeutiques. Relais qui, souvent,fait défaut. On sait, <strong>de</strong> fait, que 90% <strong>de</strong>s patientsorientés vers <strong>de</strong>s consultations psy par les urgences<strong>psychiatriques</strong> ne s’y ren<strong>de</strong>nt pas 1 . Le taux <strong>de</strong>récidive suicidaire serait pourtant <strong>de</strong> 15% après unepremière tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> 80% après latroisième tentative 2 .Les intervenants médicaux n’ayant pas toujours lesmoyens d’assurer c<strong>et</strong>te transition, la CIP propose,gratuitement, un accompagnement qui porte surl’émergence <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>et</strong> sur le suivi qu’il convientd’y donner (quelles sont les attentes <strong>et</strong> besoins<strong>de</strong> la personne fragilisée <strong>et</strong> qui, dans le champ <strong>de</strong> lasanté mentale, peut y répondre au mieux ?).Renseignements : 02/ 650 08 65 - 02/ 650 08 66 -www.preventionsuici<strong>de</strong>.be - cps@preventionsuici<strong>de</strong>.be1 Cassiers L. : réf. bibliographique 4De Clercq M. : réf. bibliographique 102 Zomers P. : réf. bibliographique 44DOSSIERConfluences n°11 septembre 200523

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