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En 2005, dans<br />
Les Poupées russes,<br />
de Cédric Klapisch.<br />
Ils sont rares les scénarios qui mêlent profondeur,<br />
fantaisie et désir de s’adresser au plus grand nombre ?<br />
Ils ne sont pas si fréquents. Parfois, quand on lit des scénarios,<br />
on a l’impression que les auteurs sont indifférents au fait<br />
que des spectateurs vont voir les films. Pourtant, je ne vous<br />
apprends rien, le public n’a pas forcément envie de récits<br />
obscurs et ultra-référencés ! Dans Ôtez-moi d’un doute, il y<br />
a une vraie générosité : le film tente d’intéresser les gens en<br />
évoquant des thèmes universels. Cela m’importe beaucoup.<br />
La pudeur et l’humour semblent également être<br />
des valeurs essentielles pour vous.<br />
Oui, même si je peux être attirée par des partitions<br />
très sombres, comme ce fut le cas, par exemple, avec<br />
Le Gamin au vélo, des frères Dardenne. Je n’ai rien contre<br />
la noirceur, mais je prends soin d’éviter les films qui jouent<br />
sur des facilités et sur le sentimentalisme. Les violons, ce<br />
n’est pas mon truc ! Je me félicite de travailler avec des<br />
cinéastes qui refusent les clichés et qui ont un point de<br />
vue sur le monde et sur leurs personnages.<br />
Vous refusez beaucoup de propositions ?<br />
Je dis plus souvent « non » que « oui », c’est un fait.<br />
Récemment, on m’a proposé beaucoup de rôles de bobos<br />
parisiennes qui en ont marre de leur vie, ce genre<br />
de considérations… Ces partitions me semblaient superficielles<br />
et je les ai refusées. J’aime que l’action de<br />
Ôtez-moi d’un doute se déroule en Bretagne et que tout<br />
le monde puisse s’identifier aux personnages du film. Je<br />
n’aime pas les univers fermés sur eux-mêmes, avec des<br />
codes qui ne parlent qu’à ceux qui les connaissent.<br />
Vous êtes d’autant moins parisienne<br />
que vous êtes belge…<br />
En effet, je n’ai pas à me forcer. Mes origines et mon<br />
naturel m’éloignent du parisianisme. Attention ! J’aime<br />
beaucoup Paris et je n’oublie pas que c’est dans cette<br />
ville que j’ai pu vraiment démarrer ma carrière. Mais<br />
Paris n’est pas le parisianisme… Quand les choses sont<br />
prétentieuses, de toute évidence, elles ne sont pas pour<br />
moi. Et c’est tant mieux.<br />
Dans le cas contraire, vous dites non aux projets ?<br />
Voilà. Même si je suis attirée par différents registres, j’essaie<br />
de choisir des films en m’imaginant que le spectateur,<br />
quand il quittera la salle, aura éprouvé de l’empathie pour<br />
les personnages et qu’il n’aura pas eu l’impression d’avoir<br />
été pris en otage par la complaisance du réalisateur.<br />
Vous avez choisi de ne plus vivre à Paris depuis<br />
plusieurs années.<br />
J’habite à la campagne, quelque part entre Paris et la<br />
Belgique. Cette situation géographique correspond à la<br />
personne que je suis. Et je n’ai jamais oublié mes origines<br />
belges. Elles me constituent.<br />
RUEDES ARCHIVES/EVERETT<br />
2007<br />
Un secret,<br />
de Claude Miller.<br />
2010<br />
Au-delà,<br />
de Clint Eastwood.<br />
2011<br />
Le Gamin au vélo,<br />
des frères Dardenne.<br />
2013<br />
Casse-tête chinois,<br />
de Cédric Klapisch.<br />
2015<br />
La Belle saison, de<br />
Catherine Corsini.<br />
OCTOBRE 2017 112 mariefrance.fr