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DR<br />
Quels métiers exerçaient vos parents en Belgique ?<br />
Mes parents ont exercé plein de petits boulots dans leur<br />
vie. J’ai été particulièrement marquée par l’époque où<br />
ils étaient cafetiers à Namur. Il y avait un brassage inouï<br />
dans ce bar qui était fréquenté par beaucoup de jeunes<br />
artistes. Je pense que ma vocation vient en partie de cet<br />
environnement où je rencontrais en permanence des gens<br />
différents. Dès mon enfance, j’étais attirée par la poésie,<br />
la littérature, le théâtre. Et mon désir de devenir actrice<br />
s’est révélé très tôt. À 12 ans, j’étais fixée : je savais que le<br />
jeu ferait partie de ma vie d’adulte. Je n’ai pas<br />
eu le temps de m’imaginer un autre avenir.<br />
Vous incarnez un médecin dans Ôtez-moi<br />
d’un doute. Cela vous a-t-il posé<br />
des problèmes particuliers ?<br />
Non. Le vrai docteur qui occupe le cabinet<br />
que l’on voit dans le film m’a coachée pour<br />
les notions élémentaires. Il s’agissait d’être crédible<br />
dans les gestuelles médicales. Je ne plaisante pas avec la<br />
précision et cette partie-là du métier, pour moi, est toujours<br />
synonyme de plaisir. J’aime faire bien les choses<br />
que l’on me demande, j’aime m’appliquer et je ne ressens<br />
aucune pression en m’impliquant de la sorte. De<br />
toute façon, il faut se détendre avec la souffrance des<br />
acteurs ! On ne doit jamais oublier que tout cela n’est<br />
que du cinéma…<br />
Depuis toujours, vous privilégiez l’éclectisme et vous<br />
dites souvent que vous détestez radoter. C’est facile<br />
de ne pas radoter après quinze ans de carrière ?<br />
J’ai toujours été bien servie par les cinéastes, je ne peux<br />
pas me plaindre. En vieillissant, le genre de rôles que l’on<br />
me propose change inévitablement et c’est tant mieux.<br />
Désormais, je suis amenée à incarner beaucoup de personnages<br />
de mère, ce qui n’était pas le cas il y a encore<br />
dix ans. À ce titre, vieillir est une chance. Et je parviens à<br />
« À 12 ans, je<br />
savais que le jeu<br />
ferait partie de<br />
ma vie d’adulte »<br />
Avec Reda<br />
Kateb, dans<br />
Django,<br />
d’Étienne<br />
Comar.<br />
varier les plaisirs. Ma ligne de conduite est très simple :<br />
quand on me propose un rôle que j’ai le sentiment d’avoir<br />
déjà interprété, je le refuse. C’est beaucoup plus rigolo<br />
de tenter des choses nouvelles.<br />
On vous a vue récemment sur Canal+ dans la série<br />
The Young Pope, de Paolo Sorrentino avec Jude Law.<br />
Encore une nouvelle expérience.<br />
Elle m’a beaucoup plu. Les séries, aujourd’hui, offrent<br />
un nouveau territoire pour les acteurs. Le soin apporté<br />
aux scénarios et à la réalisation est parfois<br />
supérieur à celui du grand écran et il n’y a aucune<br />
raison de ne pas se prêter au jeu. Des séries<br />
comme The Young Pope, ou Fargo et Twin<br />
Peaks ne sont finalement rien d’autre que du<br />
très, très grand cinéma !<br />
En tant que spectatrice, êtes-vous une<br />
grande consommatrice de séries ?<br />
Oui, plutôt. D’autant que, là où j’habite il m’est impossible<br />
de voir les films en salles en version originale. Du<br />
coup, je vais beaucoup moins au cinéma qu’à l’époque où<br />
je vivais à Paris, il y a dix ans. Excepté cet inconvénient,<br />
je suis très heureuse d’être là où je suis. Aujourd’hui,<br />
je ne pourrais plus vivre en ville. La pollution, le stress<br />
ambiant, le bruit, c’est non ! Je préfère être à la fois tout<br />
près de la nature et à proximité de Paris pour rencontrer<br />
des gens et travailler.<br />
Dans Ôtez-moi d’un doute, vous dialoguez avec<br />
François Damiens, un autre Belge. Peut-on parler<br />
d’une filière nationale ?<br />
On ne se connaissait pas vraiment avant de travailler<br />
sur le film. Il ne faut pas croire que tous les Belges se<br />
connaissent ! Notre rencontre a été un grand moment et<br />
on est devenus copains. On a la même façon de bosser,<br />
la même envie de bien faire, d’être humbles, au service<br />
du boss, en l’occurrence de la boss : Carine Tardieu. Cela<br />
m’a fait du bien, aussi, de retrouver avec François mon<br />
humour de jeune fille belge. On a un humour très particulier<br />
en Belgique et, comme je vis en <strong>France</strong> depuis<br />
longtemps, je me surprends parfois à l’oublier.<br />
Comment définiriez-vous cet humour ?<br />
C’est difficile à expliquer. Disons, pour résumer, que les<br />
Belges ne se prennent jamais trop au sérieux. Ils sont<br />
simples, terriens. Les Français peuvent avoir tendance<br />
à intellectualiser les choses à outrance. Bien sûr, il y a<br />
aussi des intellos en Belgique et il faut se méfier des généralités.<br />
N’empêche : cette simplicité belge existe bel et<br />
bien et je m’y retrouve pleinement.<br />
•<br />
Ôtez-moi d’un doute, de Carine Tardieu, avec Cécile de <strong>France</strong>,<br />
François Damiens, André Wilms… Sortie le 6 septembre.<br />
OCTOBRE 2017 113 mariefrance.fr