Marie France Novembre

Kristen Stewart,
l’égérie frondeuse
Vampirique dans Twilight, bergmanienne
dans Sils Maria, romantique dans
Café Society, envoûtante dans
Personal Shopper, futuriste dans Equals,
vilipendée sur sa vie privée, l’actrice
de 27 ans crève l’écran à chacun de ses
passages. La réalisatrice du court-métrage
Come Swim a réservé son allure glam-rock
pour la maison Chanel dont elle est l’égérie
depuis 2013.
Sylvie Legastelois,
l’aura Chanel
Impossible pour Sylvie
Legastelois de ne pas évoquer
Jacques Helleux qui l’engagea
à sa sortie de l’École de
peinture Van der Kelen.
Le directeur artistique des
parfums et de l’horlogerie
Chanel avait répondu
durant cinquante ans à la
mission confiée par Pierre
Wertheimer, propriétaire
de la maison de couture,
« Réglez les problèmes
de goût ». Ce qu’elle fait
depuis 1984. Les ongles
parfois recouverts de
térébenthine, la directrice
de la création a toujours
besoin de dessiner,
toucher, élaborer une
maquette et dire avec
modestie : « C’est un luxe
unique de pouvoir se donner
du temps. »
Inspirations précieuses
Recouvert de paravents de
Coromandel, décoré de coussins
matelassés, de miroir en forme
d’émeraude, l’appartement de
Gabrielle Chanel, situé au 31, rue
Cambon, est un mausolée bien
vivant pour sa source d’inspiration.
Sur la table basse, trois boîtes.
Offert par son amant, le duc
de Westminster, ce nécessaire
de toilette a été entièrement
sculpté dans l’or.
personnalité de la couturière. Parfumeur créateur
de la marque depuis 1978, Jacques Polge avait sorti
de son orgue à parfums, Coco, en 1984, en hommage
au surnom de Gabrielle Chanel donné par son père,
puis par les officiers venus l’écouter fredonner Qui
qu’a vu Coco au café-concert La Rotonde à Moulins.
Trois décennies plus tard, c’est au tour d’Olivier
Polge de voir sa composition sacrée du prénom officiel
de la créatrice. Arrivé dans la maison en 2013, il
a commencé à travailler sur un projet anonyme. En
ouvrant délicatement l’étui fourreau en papier gaufré
où est logé le flacon, le jeune parfumeur insiste
sur l’héritage des fragrances et le patrimoine de
Gabrielle Chanel. « Si les fleurs figurent comme le
fil rouge commun à tous les parfumeurs, elles sont
ici les marqueurs de notre identité à l’instar du
matelassé ou des chaînes. Parce que le sens olfactif
n’est jamais intellectualisé, mais toujours inconscient,
faisant appel à des sensibilités immatérielles
et fugaces, j’ai réalisé des mélanges, j’ai attendu
quelques jours, puis je suis revenu sur l’odeur. »
Les mots de Mademoiselle adressés à l’aube des
années 1920 au parfumeur Ernest Beaux, auteur
du mythique N° 5, résonnent inlassablement : « Une
femme est presque plus nue quand elle est habillée.
Je veux lui donner un parfum artificiel, je dis bien
artificiel comme une robe, c’est-à-dire fabriqué. Je
suis un artisan de la couture. Je ne veux pas de rose,
de muguet, je veux un parfum qui soit un composé. »
Une fragrance presque imaginaire
Attaché à cette « odeur de femme » que désirait
Gabrielle Chanel, l’élégant quadragénaire a passé
presque cinq ans à concevoir sa composition, à
percer le secret des molécules pour arriver, après
de multiples ajustements à un parfum fleuri. « Avec
l’association du jasmin gorgé de soleil et de l’ylang
ylang, je voulais pousser les notes fraîches, et la
DR
OCTOBRE 2017
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