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Marie France Novembre

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GETTY<br />

Si notre enfant est plus disert, cela n’empêche pas également<br />

de faire preuve d’une certaine disponibilité. Car pour vous<br />

faire part de ses problèmes de cœur, peu de chance qu’il vous<br />

demande de sortir votre agenda pour prendre rendez-vous.<br />

L’essentiel est de « respecter le désir de l’ado de se raconter.<br />

Or il a le chic pour nous solliciter quand nous sommes occupés,<br />

sourit Xavier Pommereau. Cela peut être, par exemple,<br />

quand on se met à préparer le dîner. » Pour autant, pas la<br />

peine de suspendre la préparation des agapes : la main peut<br />

être active, il suffit que l’oreille soit attentive.<br />

« Il n’est pas nécessaire de regarder l’ado, estime<br />

Xavier Pommereau, juste de l’écouter. »<br />

Un(e) de perdu(e)… un(e) de perdu(e) !<br />

Mais une fois écouté, que lui dire ? Là encore,<br />

les parents ont le sentiment de marcher<br />

sur des œufs. Une chose est certaine :<br />

« on ne rit pas des larmes de son ado », rappelle<br />

Xavier Pommereau. Mieux vaut aussi<br />

éviter les banalités type « Un(e) de perdu(e),<br />

dix de retrouvé(e)s » et autres « ça va passer<br />

». La sagesse populaire a sans doute des<br />

vertus mais noyer la singularité de l’histoire<br />

de son rejeton dans ce qui se voudrait une<br />

maxime universelle reste assez peu efficace.<br />

« Il nous faut reconnaître le bouleversement,<br />

souligne Patrice Huerre : celui d’aimer et de<br />

ne plus (ou ne pas) l’être en retour. Que l’ado<br />

sente qu’il a été perçu par l’adulte à la hauteur<br />

de ce qu’il éprouve. » Pour ce faire, on<br />

peut aussi évoquer les peines de cœur qu’on<br />

a connues à son âge : « Moi aussi, j’ai vécu<br />

ça. » On peut bien sûr raconter mais en prenant<br />

garde de rester dans le registre des<br />

« sentiments ». Inutile de raconter ce qui s’est<br />

passé entre Claudio, le GO du club de vacances<br />

et vous, dans le hangar à bateaux,<br />

en Sicile quand vous aviez vous-même 18<br />

ans. En revanche, Magali se rappelle avoir raconté à son fils<br />

Clément, bouleversé par la fin de sa première histoire, sa déconfiture<br />

lorsqu’elle s’était rendue compte que son premier<br />

vrai petit copain sortait… avec deux autres filles en même<br />

temps et la tristesse profonde dans laquelle la situation l’avait<br />

plongée. « Non seulement, j’ai senti comme une sorte de solidarité,<br />

au-delà des années qui nous séparent — on avait été<br />

malheureux en amour au même âge — mais, en même temps,<br />

j’ai eu l’impression que Clément me regardait avec une certaine<br />

pitié. Bon, certes, ce n’est pas très agréable, mais si mon<br />

histoire lui a permis de mieux encaisser la sienne, je veux bien<br />

faire une croix sur ma fierté. » Attention à ne pas déraper non<br />

plus dans le « transfert pas très sain », estime Caroline Franc,<br />

journaliste et auteure du Guide des supers parents d’ados<br />

(éditions Mango) : comprendre lui prodiguer des conseils<br />

que l’on aurait aimé recevoir à son âge. Son histoire n’est pas<br />

OCTOBRE 2017 67 mariefrance.fr

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