You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
GETTY<br />
Si notre enfant est plus disert, cela n’empêche pas également<br />
de faire preuve d’une certaine disponibilité. Car pour vous<br />
faire part de ses problèmes de cœur, peu de chance qu’il vous<br />
demande de sortir votre agenda pour prendre rendez-vous.<br />
L’essentiel est de « respecter le désir de l’ado de se raconter.<br />
Or il a le chic pour nous solliciter quand nous sommes occupés,<br />
sourit Xavier Pommereau. Cela peut être, par exemple,<br />
quand on se met à préparer le dîner. » Pour autant, pas la<br />
peine de suspendre la préparation des agapes : la main peut<br />
être active, il suffit que l’oreille soit attentive.<br />
« Il n’est pas nécessaire de regarder l’ado, estime<br />
Xavier Pommereau, juste de l’écouter. »<br />
Un(e) de perdu(e)… un(e) de perdu(e) !<br />
Mais une fois écouté, que lui dire ? Là encore,<br />
les parents ont le sentiment de marcher<br />
sur des œufs. Une chose est certaine :<br />
« on ne rit pas des larmes de son ado », rappelle<br />
Xavier Pommereau. Mieux vaut aussi<br />
éviter les banalités type « Un(e) de perdu(e),<br />
dix de retrouvé(e)s » et autres « ça va passer<br />
». La sagesse populaire a sans doute des<br />
vertus mais noyer la singularité de l’histoire<br />
de son rejeton dans ce qui se voudrait une<br />
maxime universelle reste assez peu efficace.<br />
« Il nous faut reconnaître le bouleversement,<br />
souligne Patrice Huerre : celui d’aimer et de<br />
ne plus (ou ne pas) l’être en retour. Que l’ado<br />
sente qu’il a été perçu par l’adulte à la hauteur<br />
de ce qu’il éprouve. » Pour ce faire, on<br />
peut aussi évoquer les peines de cœur qu’on<br />
a connues à son âge : « Moi aussi, j’ai vécu<br />
ça. » On peut bien sûr raconter mais en prenant<br />
garde de rester dans le registre des<br />
« sentiments ». Inutile de raconter ce qui s’est<br />
passé entre Claudio, le GO du club de vacances<br />
et vous, dans le hangar à bateaux,<br />
en Sicile quand vous aviez vous-même 18<br />
ans. En revanche, Magali se rappelle avoir raconté à son fils<br />
Clément, bouleversé par la fin de sa première histoire, sa déconfiture<br />
lorsqu’elle s’était rendue compte que son premier<br />
vrai petit copain sortait… avec deux autres filles en même<br />
temps et la tristesse profonde dans laquelle la situation l’avait<br />
plongée. « Non seulement, j’ai senti comme une sorte de solidarité,<br />
au-delà des années qui nous séparent — on avait été<br />
malheureux en amour au même âge — mais, en même temps,<br />
j’ai eu l’impression que Clément me regardait avec une certaine<br />
pitié. Bon, certes, ce n’est pas très agréable, mais si mon<br />
histoire lui a permis de mieux encaisser la sienne, je veux bien<br />
faire une croix sur ma fierté. » Attention à ne pas déraper non<br />
plus dans le « transfert pas très sain », estime Caroline Franc,<br />
journaliste et auteure du Guide des supers parents d’ados<br />
(éditions Mango) : comprendre lui prodiguer des conseils<br />
que l’on aurait aimé recevoir à son âge. Son histoire n’est pas<br />
OCTOBRE 2017 67 mariefrance.fr