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DR<br />
hommes. Avant je me disais « Est-ce<br />
que je vais plaire? ». Maintenant je me<br />
dis: « Sait-on jamais! ». Le possible devient<br />
possible plus naturellement.<br />
Comment sont appréciés les cheveux<br />
blancs à l’étranger?<br />
J’ai la chance de beaucoup voyager<br />
pour mon travail de journaliste, je<br />
suis allée, au Brésil, pour participer<br />
à des conférences sur la beauté<br />
des femmes en <strong>France</strong>. Dans ce pays<br />
qui est très branché chirurgie esthétique,<br />
transformations, les cheveux<br />
blancs représentent l’élégance à la<br />
française. Comme un charme inné,<br />
naturel, ils pensent immédiatement<br />
à Christine Lagarde ou Françoise<br />
Hardy. Aux États-Unis, c’est devenu<br />
un symbole d’éternité, on se<br />
souvient d’Andy Warhol avec ses<br />
perruques, Marylin et sa blondeur<br />
peroxydée. Les Américaines organisent<br />
des forums pour donner des<br />
conseils d’entretien.<br />
Des cheveux naturels d’accord et<br />
que fait-on du corps?<br />
Il ne faut pas l’abandonner, il faut le<br />
conquérir. On sait bien qu’à un certain<br />
âge, on prend du poids et qu’il<br />
faut faire attention. Il faut de la discipline,<br />
mais je suis contre les régimes<br />
à outrance, la muscu, des heures et<br />
des heures de gym. Il faut s’apprivoiser,<br />
manger sainement. Je ne veux pas<br />
devenir sèche. Je suis pour l’onctuosité,<br />
il y a une certaine forme de ramollissement<br />
qui a son charme. La peau<br />
devient plus douce et, l’important, c’est<br />
d’être léger dans sa tête.<br />
Comment mieux vieillir aujourd’hui?<br />
Il ne faut pas s’abandonner. Souvent<br />
les femmes baissaient les bras par<br />
confort, des chaussures confortables<br />
souvent moches, des robes sacs, et<br />
le corps entier s’abandonnait. Il faut<br />
résister à cela, cultiver l’envie, créer<br />
le désir dans le regard de l’autre.<br />
Bien vieillir, c’est continuer chacun<br />
à sa manière de jouir de la vie pour<br />
ainsi pouvoir jouir avec les autres.<br />
Quel est le regard des hommes?<br />
Un homme jeune est impressionné<br />
par l’image d’une féminité assumée<br />
et, quand l’homme vieillit, cela le met<br />
face à ses propres doutes sur le temps<br />
qui passe. Mais voir une femme qui<br />
vit bien son âge les met à l’aise. Ils<br />
découvrent même que cela peut être<br />
agréable, amusant. Les rapports sont<br />
plus détendus. Et je crois que ça permet<br />
le contact, c’est comme un signe<br />
de reconnaissance bien utile dans<br />
notre monde où on se regarde de<br />
moins en moins, le nez plongé dans<br />
nos portables. Les cheveux blancs<br />
deviennent comme un panache…<br />
Ralliez-vous à mon panache blanc !<br />
Un plaisir ?<br />
La mode, j’adore écrire sur la mode.<br />
C’est un monde à la fois superficiel et<br />
déterminant. Ma grand-mère était<br />
dentellière, ma mère couturière, ça<br />
fait une jolie filiation.<br />
Un bonheur ?<br />
Donner aux autres, être ouverte,<br />
faire des rencontres, parler à des<br />
étudiants, à des écrivains. J’aurais<br />
adoré être prof. J’aime parler, écouter,<br />
être en éveil sur le monde, voyager.<br />
Et je suis restée la petite fille que<br />
j’étais, j’ai gardé mon rire de petite<br />
fille. C’est un trésor.<br />
Vous étiez une petite fille comment?<br />
Très libre avec beaucoup d’humour,<br />
cela m’a servi. J’écrivais des chansons.<br />
À 20 ans, j’ai sorti un disque,<br />
j’ai donné un concert au lycée, c’était<br />
une façon de me faire remarquer.<br />
J’étais plutôt une belle fille, j’étais<br />
sexy naturellement. Aujourd’hui, tout<br />
est devenu hyper sexualisé. On veut<br />
être désirable et on s’affiche terriblement.<br />
Je suis plutôt pour un retour<br />
à l’élégance. Ça peut être très<br />
sexy aussi.<br />
•<br />
LE LIVRE<br />
DES AUTRES…<br />
Pour offrir<br />
Comment j’ai mangé mon père,<br />
de Roy Lewis, une plongée<br />
irrésistible dans la vie d’une<br />
famille préhistorique qui<br />
finalement nous ressemble.<br />
Un livre extrêmement drôle<br />
et on en manque tellement !<br />
Éditions Pocket.<br />
Qui m’a marquée<br />
L’île d’Arturo, d’Elsa Morante.<br />
L’histoire d’un petit garçon qui<br />
a perdu sa mère, son père est<br />
souvent loin et toute l’île où<br />
il vit est un magnifique terrain<br />
d’aventures et tout bascule quand<br />
il tombe amoureux de la jeune<br />
fille que son père vient d’épouser.<br />
Un bouquin qui aide à grandir.<br />
Éditions Folio.<br />
De mon enfance<br />
Jane Eyre, de Charlotte Brontë,<br />
je l’ai lu à 12 ans et il m’a fait<br />
découvrir le rôle de la femme dans la<br />
littérature. Je me suis reconnue.<br />
Éditions Le Livre de poche.<br />
OCTOBRE 2017 119 mariefrance.fr