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évasion en Hérault<br />
L’Hérault, c’est trois points d’appui<br />
<strong>à</strong> fort caractère. Montpellier, l’ambitieuse<br />
qui se pousse du col, et se<br />
verrait bien devenir la grande<br />
métropole du Sud-Ouest aux<br />
dépens de Toulouse. Sète, le port<br />
plébéien et hâbleur, berceau de Paul Valéry et<br />
de Georges Brassens. Béziers, la bourgeoise<br />
passéiste, dont l’imposant patrimoine, même<br />
affublé du pire des attachés de presse, mérite<br />
<strong>à</strong> lui seul le voyage. Chacune de ces villes est<br />
environnée de merveilles : il y a les bourgs<br />
monastiques de la trempe de Saint-Guilhemle-Désert,<br />
la lagune de Thau ou encore l’arrièrepays<br />
montagneux adossé au Massif central et<br />
aux Corbières. Bonne route !<br />
MONTPELLIER<br />
Le Pastis,<br />
bistronomie montpelliéraine<br />
Une petite scène d’auteurs culinaires émerge<br />
depuis quelque temps au sein de la « Surdouée<br />
», cette métropole <strong>à</strong> laquelle sa posture<br />
culturelle et universitaire confère le goût de<br />
l’expérimentation. Parmi ses protagonistes, on<br />
relève deux néobistrotiers pratiquement voisins,<br />
Guillaume Leclere, et Daniel Lutrand. Ce<br />
dernier est une fine lame qui s’est affûtée au<br />
contact de Pascal Barbot (l’Astrance) et de<br />
Michel Bras, chez qui il a rencontré le chef de<br />
salle Jean-Philippe Vivant, dont le patronyme<br />
qualifie bien son approche de la sommellerie.<br />
Tous deux officient <strong>à</strong> présent au restaurant Le<br />
Pastis, où la cuisine, <strong>à</strong> l’instar du papier peint<br />
en trompe-l’œil qui meuble le fond de la salle,<br />
s’efforce de mettre en relief sa surface d’exposition.<br />
Une superficie d’approvisionnement<br />
locale <strong>à</strong> laquelle Daniel Lutrand donne une<br />
dimension nouvelle, avec par exemple ces<br />
petites galettes de pommes de terre acidulées<br />
par du fromage blanc travaillé comme une<br />
caillebotte, et semées de petites olives sèches<br />
au goût d’anis. Ce ton sur ton de carottes,<br />
abricots, et vinaigrette <strong>à</strong> l’orange-safran. Ou<br />
encore cette rouelle de gigot d’agneau tendre,<br />
cuit jusqu’au dernier sang, accompagnée d’asperges<br />
vertes et de pelures d’oignon confites.<br />
→ 3, rue Terral, 04 67 66 37 26, pastis-restaurant.<br />
com, menu <strong>à</strong> 38 € le soir.<br />
Le ménage <strong>à</strong> trois d’Anga<br />
Il y a l<strong>à</strong> trois camarades en sevrage professionnel<br />
(un communicant, un commercial et un<br />
chimiste), qui se sont organisés comme des<br />
colocataires, avec une répartition des tâches <strong>à</strong><br />
la fois pittoresque et diablement efficace. La<br />
cuisine ouverte héberge deux chefs qui assument<br />
chacun leur propre menu, des plats généralement<br />
préparés en quelques secondes au<br />
148 ⁄ elle À taBle ⁄ SePteMBre - OCtOBre 2017<br />
four vapeur <strong>à</strong> haute pression. A vrai dire, le<br />
système fonctionnerait parfaitement <strong>à</strong> l’intérieur<br />
d’un sous-marin. Les produits, rapprochés<br />
par affinités comme les pièces d’un puzzle<br />
dont les formes s’emboîtent, sont recrutés<br />
avec autant de soin que de sympathie pour<br />
leurs fournisseurs. Il en va également ainsi des<br />
vins <strong>à</strong> tendance plutôt nature, dont la carte est<br />
gérée par le troisième associé en charge de la<br />
petite salle qui déborde sur le trottoir. Bonne<br />
ambiance.<br />
→ 19, rue du Palais des Guilhem, 04 67 60 61 65,<br />
formule <strong>à</strong> 31 € le soir. A noter qu’ils ne prévoient<br />
qu’un seul service, afin de ne pousser personne<br />
dehors.<br />
Le Café de la Panacée, un lieu de vie<br />
Ce n’est pas seulement la cafétéria d’un (beau)<br />
centre de culture contemporaine. En journée,<br />
des gens traînent avec leur laptop devant un<br />
rafraîchissement ou une pâtisserie. A l’heure<br />
du dîner, le climat devient plus guindé, avant<br />
de s’écheveler au bar jusqu’après minuit. Le<br />
dimanche il y a des brunchs, etc. Ce lieu protéiforme<br />
a été confié récemment au jeune<br />
cuisinier parisien Guilhem Blanc-Brude, venu<br />
prendre un poste de second, et contraint de<br />
remplacer au débotté son très bistronomique<br />
prédécesseur. Passionné de bas morceaux, le<br />
chef promettait des salades tièdes de langue<br />
de bœuf aux agrumes, des cœurs de canard<br />
sautés, crème de maïs, pop-corn de piment<br />
fumé et fenouil bronze, de la terrine de fraise<br />
de veau <strong>à</strong> l’italienne, ou encore des bulots avec<br />
un siphon au pollen frais et salade d’herbes de<br />
cueillette.<br />
→ 14, rue de l’Ecole de Pharmacie,<br />
04 99 63 45 68, lecafedelapanacee.com,<br />
formule <strong>à</strong> 16 € le midi, tapas le soir.<br />
Willie Carter Sharpe,<br />
cocktails néoclassiques<br />
Montpellier fut avant Paris une destination de<br />
la mixologie <strong>à</strong> la française, avec quelques établissements<br />
d’avant-garde comme le Papa<br />
Doble, et dernièrement Le Parfum. Son « parc »<br />
de bars <strong>à</strong> cocktails compte quelques belles<br />
enseignes, dont l’un des plus sympathiques est<br />
le Willie Carter Sharpe. Dans ce décor plongé<br />
entre deux siècles (le XX e rugissant, prohibitionniste<br />
et clandestin, revu et corrigé par le<br />
suivant), on sirote de bonnes vieilles recettes<br />
(Manhattan, Sazerac, Clover, etc.) interprétées<br />
par des experts-barmen <strong>à</strong> tablier de sapeur,<br />
moustaches annelées et décapsuleurs montés<br />
sur patte de wallaby. Goûtez en particulier au<br />
« Psycho Killer », une base de mezcal et de<br />
rhum titrant <strong>à</strong> 69 degrés, avec sirop d’amande,<br />
citron vert, purée de passion, triple sec et amer<br />
maison au chocolat-piment, le tout dominé<br />
par des impressions mexicaines de cacao viril<br />
et de notes fumées d’eau-de-vie d’agave.<br />
Chaque dimanche, les lieux accueillent des<br />
concerts de jazz et de blues.<br />
→ 3, rue Collot, 09 84 11 64 53.<br />
Voir suite texte page suivante<br />
1<br />
2<br />
1. Montpellier l’ambitieuse<br />
vous réserve un accueil<br />
triomphal.<br />
2. Les trois fondateurs du<br />
bistrot Anga : Cyril Garcia,<br />
Arthur Lahmy et Pierre<br />
Quatrefages.