MIKE SHAW « C’est la gratitude qui m’a sauvé » Condamné au fauteuil roulant, l’ex-skieur pro freestyle Mike Shaw réussit à courir dix kilomètres. Il veut traverser le Canada avec un millier d’amis. Un an, quatre mois et 17 jours, c’est le temps qui s’est écoulé entre le jour où Mike Shaw apprend qu’il ne marcherait plus jamais et sa participation à une course à pied. En décembre 2013, l’entraîneur canadien de ski acrobatique fait une grave chute qui provoquera une paralysie de ses quatre membres. Le diagnostic (quadriplégie incomplète) est rude, mais n’entame en rien sa détermination. À peine opéré, Mike entame un entraînement intensif. Trois mois plus tard, il quitte l’hôpital. Seize mois après, il participe à la course Wings for Life World Run. Il parcourt dix kilomètres avant d’être rejoint par la voiture-balai. Une performance incroyable. De plus, cette compétition lui tient à cœur car tous les frais d’inscription vont à la recherche sur la moelle épinière. « Le remède n’existe pas encore, précise l’athlète de 34 ans. J’ai eu de la chance, mais la blessure fait toujours partie de mon quotidien. Mes bras et mes jambes restent en partie insensibles et je perds l’équilibre une cinquantaine de fois par jour. » Il évoque ici, le rôle essentiel de l’entourage et les raisons qui font de la gratitude un remède efficace contre la détresse. the red bulletin : Après votre opération, le médecin vous a annoncé que vous ne marcheriez plus jamais. Mais vous avez refusé son diagnostic. Pourquoi ? mike shaw : Je suis un optimiste invétéré. Quand quelque chose ne marche pas, je me dis toujours que ce n’est qu’une question de temps. Le freeski m’a appris à me relever. La chute fait partie de la progression. Il faut savoir se relever, remonter la pente et tenter le saut à nouveau. Avec le temps, cette attitude a fini par devenir une seconde nature. Dans votre livre Never Part of the Plan (ndlr : Cela n’a jamais fait partie du plan), vous écrivez que la gratitude vous a permis de traverser les moments les plus difficiles. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quelques semaines après l’accident, j’étais au fond du trou. D’horribles crampes m’accablaient, je souffrais le martyre. J’ai failli renoncer à maintes reprises. Puis, j’ai découvert dans la gratitude un outil. Une révélation. Lorsqu’on traverse une période difficile, la gratitude est rarement le premier réflexe. C’est pourtant dans ces moments-là qu’elle s’avère le plus efficace. À l’hôpital, je n’ai pas eu à chercher bien loin pour trouver cas plus désespéré que le mien. Le but était de changer de perspective, se dire que lorsqu’une porte se ferme, quatre autres s’ouvrent. Elles s’ouvrent de surcroît sur une terrasse surplombant l’océan ! En 2017, vous avez lancé #Team- Coast2Coast, une communauté de coureurs Wings for Life avec de grandes ambitions. Pouvezvous nous en dire davantage ? J’ai parlé de Wings for Life à mon ami Jim Mullan. Il vit à Halifax et est paraplégique comme moi. Il me dit : « Pourquoi ne pas rassembler suffisamment de personnes pour traverser virtuellement le Canada de Vancouver à Halifax, d’une côte à l’autre, soit 5500 kilomètres ? » Nous étions alors à un mois de la course. Nous avons mis #Team- Coast2Coast en ligne et avons réussi à inscrire 100 personnes. En 2019, nous avions plus de 900 inscrits qui couraient pour nous dans tout le pays via l’application. Il nous a manqué 150 km pour atteindre notre objectif. Cette année, nous visons un renfort de 1000 coureurs afin d’aller au bout. Souhaitez-vous encourager les gens à reproduire l’exemple de #TeamCoast2Coast ? Absolument ! Former une équipe et se fixer un objectif commun est extrêmement motivant, mais les gens ne nous ont pas attendus pour se lancer. Faire partie de cette communauté mondiale est une force. Wings for Life World Run Une course à laquelle participent des milliers de coureurs à travers le monde simultanément. Votre course prend fin dès que la voiture-balai (virtuelle) vous dépasse. Coup d’envoi le 9 mai 2021. Vous pouvez participer via l’appli — en solo, avec des amis ou au sein d’une course organisée, mais aussi dans l’un des douze grands Flagship Runs, si les circonstances le permettent. Inscriptions et formation de votre équipe : wingsforlifeworldrun.com ROYCE SIHLIS FLORIAN OBKIRCHER 12 THE RED BULLETIN
« Le but était de changer de perspective. » THE RED BULLETIN 13