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Ladies – et en tant que podcasteuse ; sa<br />
série sur la Coupe du monde féminine<br />
de 2019, Football Inside Out, a remporté<br />
la catégorie « sport » aux British Podcast<br />
Awards.<br />
Monki a grandi à Kingston upon<br />
Thames, dans la banlieue sud-ouest de<br />
Londres. À la maison, elle baignait dans<br />
la musique électro, avec les Chemical<br />
Brothers, The Prodigy et 808 State sur<br />
la chaîne stéréo de sa mère, les tubes<br />
garage que son oncle jouait, ainsi que<br />
dans le dubstep et la grime qu’elle écoutait<br />
sur les radios pirate. « Je me suis vraiment<br />
mise à la musique grâce à la radio »,<br />
dit Monki, en soulignant l’importance<br />
des pirates comme Rinse FM et Déjà Vu,<br />
qui transmettaient les rythmes et les voix<br />
de l’underground vers les jeunes oreilles<br />
assoiffées. « Je me souviens de les avoir<br />
écoutés tard dans la nuit et d’avoir<br />
entendu des musiques de danse que je<br />
n’avais jamais entendues auparavant. »<br />
Ces stations ont été un espace dans<br />
lequel les sonorités produites localement<br />
ont pu se développer et se diversifier, à<br />
l’écart des redevances, des annonceurs<br />
et des organismes de réglementation.<br />
Non contente d’être une fan, Monki<br />
a décidé de faire partie de ce monde.<br />
Après avoir entendu la DJ Annie Mac<br />
jouer à la radio un soir le dubstep glacial<br />
de Skream, Let’s Get Ravey et le remix de<br />
In For The Kill de La Roux, elle a quitté<br />
l’école le lendemain. La jeune fille de<br />
16 ans a réussi à décrocher un stage chez<br />
Rinse à une époque charnière où les<br />
artistes avec lesquels la station travaillait<br />
explosaient. Elle était notamment chargée<br />
de l’approvisionnement en champagne<br />
quand, en 2010, la station a<br />
obtenu un permis d’émettre et est devenue<br />
légale. « C’était vraiment passionnant<br />
: j’étais entourée de DJs que j’admirais<br />
et je me sentais vraiment inspirée<br />
d’être là, sur cette station de radio de<br />
l’East End. »<br />
Tout comme le fondateur de Rinse,<br />
Geeneus, qui a créé sa station à l’âge de<br />
16 ans en connectant ses platines à un<br />
émetteur fait maison dans un appartement<br />
au 18 e étage dans le borough de<br />
Tower Hamlets, Monki a réussi à se faire<br />
une place dans le monde de la musique<br />
grâce à son oreille exceptionnelle, mais<br />
aussi à son talent de bricoleuse et à son<br />
inébranlable éthique du travail. Elle a<br />
utilisé son temps à la station pour affiner<br />
ses compétences en ingénierie et en<br />
mixage, et pour forger des liens essentiels<br />
avec l’industrie. Un soir, après son<br />
quart de travail, elle a enregistré un set<br />
de vingt minutes qu’elle a envoyé à Annie<br />
Mac, une héroïne de son enfance, avec<br />
qui elle s’était connectée des années plus<br />
tôt via MySpace.<br />
C’est ainsi que Mac a offert à Monki<br />
sa toute première date, au KOKO de<br />
Camden Town, dans le nord de Londres.<br />
En plus de ses passages dans les clubs<br />
emblématiques comme le Ministry of<br />
Sound ou Fabric, la jeune DJ a obtenu<br />
une émission sur Radio 1Xtra à la BBC<br />
puis, à 21 ans seulement, une place<br />
convoitée à la chaîne Radio 1, toujours<br />
à la BBC. « Quand j’ai quitté l’école, j’ai<br />
eu le sentiment que je n’avais pas le droit<br />
à l’erreur, dit-elle. Je n’avais pas d’autre<br />
choix. C’était donc mon mantra à cet âge,<br />
« J’ai fait le plein<br />
pendant dix ans<br />
et d’un coup, tout<br />
s’est arrêté. »<br />
c’était une sorte de mentalité du tout ou<br />
rien. Et ça a marché. » Cette attitude a<br />
permis à Monki d’atteindre le sommet<br />
de son art en matière de musique.<br />
Elle est aujourd’hui une force majeure<br />
dans le domaine de la deep house et de<br />
la techno, et une sélectionneuse habile<br />
lorsqu’il s’agit de créer des ambiances<br />
qui plaisent au public. En plus de jouer<br />
de tout, du disco à la soul en passant par<br />
l’electronica et le piano house, sur les<br />
ondes et dans les clubs, Monki a produit<br />
et publié sa propre musique, produisant<br />
des EPs avec un riche mélange de producteurs,<br />
de MCs et de chanteurs. Elle a sorti<br />
un EP live avec Fabric alors qu’elle était<br />
encore adolescente, mêlant house, garage<br />
britannique et grime. Monki a également<br />
son propre label, ZOO Music, et elle a mis<br />
son énergie à profit sur la route chaque<br />
année, jouant partout dans le monde ou,<br />
en Angleterre, aux soirées Monki &<br />
Friends dont elle est l’organisatrice.<br />
Mais la pandémie a frappé. J’ai fait le<br />
plein pendant dix ans et tout d’un coup,<br />
tout s’est arrêté net », explique Monki.<br />
Les clubs ont été fermés, les tournées ont<br />
été suspendues et elle s’est retrouvée<br />
chez elle sans grand-chose à faire. Pour<br />
quelqu’un qui avait toujours eu une<br />
vision très claire de l’avenir, même à<br />
l’adolescence – « Quand j’ai quitté l’école,<br />
je me suis dit : “Voici mon plan sur dix<br />
ans, je veux être sur Radio 1 à 26 ans.” » –<br />
cela a été un choc sérieux. « Je n’ai jamais<br />
été autant à la maison depuis dix ans,<br />
dit Monki. Ce que nous avons tous perdu,<br />
c’est une connexion avec les gens. Ça a<br />
été une perte énorme. Je pensais que je<br />
pourrais mieux gérer cela, mais en fait<br />
j’étais assez déprimée. »<br />
Mais l’éthique de travail de Monki ne<br />
lui a pas permis de ralentir longtemps.<br />
Le foot lui a donné un autre objectif, un<br />
endroit pour canaliser son énergie. Le<br />
« beau jeu » faisait en fait partie de son<br />
plan de carrière initial avant de tomber<br />
amoureuse de la musique. Mais à 14 ans,<br />
THE RED BULLETIN 67