Dans le mix : Monki est aussi bien à l’aise en studio que sur un terrain de foot (page ci-contre), en jouant pour les Dulwich Hamlet FC Ladies.
LIAM ASMAN elle a découvert que, à l’époque, les femmes n’étaient pas payées pour jouer. « Vous pouviez jouer pour Arsenal ou Chelsea, mais ce n’était pas votre gagnepain, dit-elle. À l’époque, les joueuses anglaises devaient payer leur propre équipement ! Cela m’a brisé le cœur. Alors je m’en suis détachée. Si je ne peux pas le faire comme je veux, alors je n’ai pas envie de le faire. » C’est au milieu de la vingtaine, alors que sa carrière musicale battait son plein, que le football est revenu dans la vie de Monki. « Ça a pris du temps, ditelle, mais j’ai réalisé que le sport me manquait vraiment. » Après être revenue au jeu par le biais de matches à cinq, Monki a rejoint le Dulwich Hamlet FC Ladies et a commencé à vivre une « double vie », pour reprendre ses mots. « J’ai gardé le football et le sport distincts de la musique. Je ne traînais pas avec mon équipe, je venais juste m’entraîner et jouer. Je n’ai pas dit à tout le monde ce que je faisais. Je voulais juste jouer au football. Je voulais être traitée comme tout le monde. Mais quand elles l’ont découvert, elles m’ont traitée de la même façon. Tout le monde est égal. C’est pour ça que j’aime le sport, tout le monde se fout de ce que vous faites. » Aujourd’hui, Monki est un pilier du club. « Je suis tellement impliquée avec Dulwich Hamlet. Ma petite amie en est la capitaine, et nous sommes comme des ambassadrices pour le club, dit-elle à propos de son revirement. Je travaille avec elles en participant à des activités communautaires et je gère leurs réseaux sociaux en tant que bénévole. Je suis à fond dedans. » Rebaptisées en 2019 après neuf ans sous le nom d’AFC Phoenix – une équipe qui, pendant une grande partie de cette période, n’avait même pas de tenues coordonnées – les Dulwich Hamlet Ladies se sont retrouvées sur une trajectoire ascendante, attirant des foules plus nombreuses que de nombreux clubs plus haut placés dans la hiérarchie du football. L’année dernière, lors de leur première saison en première division de London & South East, elles étaient en tête du classement lorsque, malheureusement, le championnat a été annulé en raison de la pandémie. Le club est aussi une sorte de famille : les joueuses et les supporteurs se sont mis ensemble pour réunir plus de 10 000 livres lorsque leur manager adoré, Farouk Menia, est décédé en 2019 ; et il apporte un soutien vital à la communauté LGBTQ. C’est grâce à son amour du sport que Monki a réussi à se libérer de son isolement. Elle a profité de cette période pour renouer avec l’entraînement et aussi pour mettre à profit son nouvel enthousiasme pour la diffusion des sports. Cette envie s’est encore renforcée lorsque Football Inside Out a remporté le British Podcast Award. « Cela m’a ouvert les yeux, dit-elle en parlant de la prise de conscience qu’elle pouvait combiner ses deux mondes. J’adore la radio – le podcasting était quelque chose que je voulais faire de toute façon – mais ça, c’était autre chose, pas de la musique. C’était vraiment intense, mais ça a été une grande expérience. » N’ayant jamais fait les choses à moitié, Monki a depuis présenté The Kick Off – une soirée de la Ligue des champions de l’UEFA en direct présentée par Heineken et Defected – et a travaillé avec la légende du sport Peter Crouch sur BT Sport. L’inconfortable changement de rythme provoqué par l’apparition de la pandémie est devenu pour Monki, l’occasion de repenser à l’avenir. « J’en suis lentement arrivée à la conclusion que j’aime participer à des shows, mais que je ne veux pas que cela constitue toute ma vie, dit-elle. Cette année a été consacrée à ce que je veux faire au-delà des tournées et des soirées. Pendant le deuxième confinement, j’ai fait équipe avec un groupe d’autres personnes pour travailler sur des idées en vue d’une plateforme sportive féminine qui, je l’espère, sera lancée cette année. » La plateforme n’a pas encore de nom, mais elle a une éthique forte : « Il y a quelques grands créateurs de contenus footballistiques et sportifs, mais ce que nous voulons faire, c’est nous concentrer moins sur le sport lui-même et davantage sur l’encouragement aux femmes afin qu’elles puissent évoluer dans n’importe quelle fonction. » Monki cite une étude récente de l’organisme public Sport England, qui a révélé que 39 % des femmes ne sont pas assez actives, les raisons les plus courantes étant la peur du jugement et le manque de confiance en soi. « Tout le monde n’aime pas le sport comme j’aime le football, mais il est tellement important de faire de l’exercice, même si c’est seulement se promener avec ses potes. » Il allait de soi que Monki allait mettre son énergie débordante au service d’un projet comme celui-ci, étant donné qu’elle a contribué à la représentation « Il est tellement important de faire de l’exercice. » féminine dans plusieurs domaines dominés par les hommes. Elle a notamment réussi dans le monde largement masculin de la musique électronique, devenant la toute première femme d’origine sudest asiatique à animer une émission à Radio 1 – « Je n’en ai pris conscience qu’en 2020. Je ne me voyais pas comme cette personne à l’époque. J’aurais aimé le célébrer davantage ». Mais malgré ses projets d’améliorer la santé de nombreuses femmes et le fait que des jeunes filles asiatiques ont contacté Monki pour lui dire combien elle les inspirait, elle ne se considère pas comme une personne dédiée à la cause de l’égalité. Ses efforts pour dépasser les limites sont plus personnels et se concentrent uniquement sur sa ténacité à faire ce qu’elle aime, malgré les risques et les obstacles. Maintenant, en trouvant l’espace dans le diagramme de Venn où ses passions se chevauchent, elle a trouvé les outils nécessaires pour traverser des moments étranges - et même en ressortir plus forte. « J’ai l’impression d’être plus ’moi’ en vivant de cette façon, avec plus d’intégrité, dit-elle. Et c’est ça le but, non ? C’est littéralement ça. » monkidj.com THE RED BULLETIN 69