02.06.2021 Views

SEMMES ET C.S.S. ALABAMA PDF

Marine dans guerre sécession

Marine dans guerre sécession

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

21

La réception définitive du « 290 » étant fixée pour la fin juillet, il lui faut trouver

tout de suite un vapeur pour transporter les fournitures militaires et les canons du

« 290 ». Le 16 juillet 1862, il achète l’Agrippina pour 1 400 £ et choisit une autre

vieille connaissance pour le commander : Alexander McQueen, un capitaine de la

marine marchande. Celui-ci accepte de recruter treize marins, théoriquement pour

la Guyane britannique, et d’embarquer 350 tonnes d’anthracite ainsi que

l’armement du « 290 », que Bulloch a entreposé dans un dock du port de Londres.

Le coût de cette cargaison s’élève à 13 437 £ pour les équipements ; 2 500 £ pour

les canons ; 1 100 £ pour les petites armes et 616 £ pour le reste, soit un montant

total de 17 653 £ (environ 1 460 000 £ actuels) 3 . Le chargement de ce matériel

s’opère dans la plus complète opacité puis McQueen se tient prêt à appareiller dès

que Bulloch lui en intimera l’ordre.

Sur ces entrefaites, Bulloch a sélectionné les premiers officiers du « 290 » tout

en sachant qu’il devra en remettre le commandement à un officier de la marine

marchande britannique jusqu’à ce qu’il accède aux eaux internationales. Le plus

délicat est de dénicher quelqu’un avec qui les Confédérés puissent être de

connivence. C’est par l’intermédiaire d’un ami commun que Bulloch renoue avec

le capitaine Matthew J. Butcher, un officier de la réserve navale britannique et un

ancien commandant de la Cunard Line, la principale compagnie transatlantique

britannique dont nous avons parlé. Ils se sont connus autrefois à La Havane et

Bulloch sait qu’il tient l’officier idéal qui lui permettra de sortir le « 290 » des eaux

britanniques sans transgresser la loi anglaise. Butcher et Bulloch prennent langue

le 20 juillet et, après avoir jeté un coup d’œil sur et dans le bâtiment, le premier

accepte la mission qui lui est proposée, mais également de recruter un équipage

pour la théorique destination des Antilles britanniques. Le jour même et tout à fait

par hasard, le Minna, en provenance des Bahamas, accoste les quais de Liverpool

avec John Low à son bord. Bulloch se réjouit du retour de cet officier d’élite qu’il

incorpore sur-le-champ dans les cadres du C.S.S. Alabama.

Le 21 juillet 1862, Charles F. Adams, le ministre plénipotentiaire des États-Unis

à Londres, dépose une plainte pour une infraction au Foreign Enlistment Act

commise par un sujet britannique. Dudley, son efficace consul à Liverpool, a

peaufiné le dossier avec le soin et la rigueur que l’on imagine et l’a intitulé

« Passmore Affidavit ». Il contient les déclarations circonstanciées de William

Passmore, un vétéran de la Royal Navy, qui intéressait beaucoup les Rebelles en

raison de son expérience sur les vaisseaux de guerre. Les agents confédérés avaient

tenté de le convaincre de signer un engagement en contrepartie d’une solde

mensuelle de 4,10 £, en l’espèce beaucoup plus que celle que consentaient les

armateurs britanniques. D’autres témoignages alourdissent ce dossier : celui du

charpentier de marine W.A. Blain qui a aménagé les cabines de la corvette et ceux

de Richard Braugan et de Richard Broderick, deux maîtres charpentiers qui

travaillent dans les chantiers navals de Laird à Birkenhead et qui, apparemment ne

sympathisent guère avec les agents confédérés.

Trois jours plus tard, l’un des espions du détective Matthew Maguire apporte à

Dudley des témoignages supplémentaires : le charpentier Edward Roberts déclare

que Butcher, le capitaine du « 290 » parle ouvertement des objectifs militaires du

3

D’après le Measuring Worth System - GDP Deflator situation 2015 sur Internet.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!