02.06.2021 Views

SEMMES ET C.S.S. ALABAMA PDF

Marine dans guerre sécession

Marine dans guerre sécession

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

27

venir consulter son document de connaissement. La Déclaration de Paris autorise

cette démarche qui permet à un belligérant de consulter le registre et la nationalité

du bâtiment interpellé afin d’identifier sa destination et, en fonction de celle-ci, de

vérifier s’il transporte de la contrebande de guerre. C’est pendant que les matelots

du Hatteras effectuent cette manœuvre que Semmes abat ses fausses couleurs, fait

hisser celles de la Confédération puis hurle dans son porte-voix : Nous sommes le

steamer confédéré Alabama. Son dernier mot est à peine prononcé qu’il ouvre le

feu à environ 75 mètres du navire adverse.

Complètement surpris, le commandant de l’Hatteras riposte du mieux qu’il peut,

mais après un quart d’heure, il envoie un signal de détresse annonçant qu’il se rend

car il coule. En tout état de cause l’Hatteras n’avait pas la moindre chance de

résister : ses immenses roues motrices latérales étaient une cible aisée à fracasser.

En outre, sa pièce la plus puissante était un 30-pounder Parrott rayé inférieur au

100-pounder Blakely de l’Alabama. Dans ses mémoires et pour des raisons obvies,

Semmes conteste cet écrasement du poids plume par le poids lourd et pour

crédibiliser l’ampleur de son « exploit », il soutient que l’Hatteras possédait, sur sa

corvette, une supériorité en termes de tonnage et de nombre d’hommes

d’équipage … !

Au cours de ses six cent cinquante-sept jours de campagnes (de septembre 1862

à juin 1864), l’Alabama reste en mer pendant cinq cent trente-quatre jours. Entre le

5 septembre 1862 et le 27 avril 1864, il détruit cinquante-deux cargos nordistes, en

rançonne dix, transforme l’un d’eux en croiseur léger (le C.S.S. Tuscaloosa), revend

le Sea Bride, libère le Martha Wenzell parce que son arraisonnement a eu lieu dans

les eaux d’un pays neutre et capture quelque deux mille matelots de la marine

marchande nordiste sans pertes de vies humaines.

Dès la conclusion de la Déclaration de Paris et la suppression de la guerre de

course, la plupart des cargos qui naviguent dans les eaux occidentales cessent

d’installer des canons à leur bord. Semmes et ses homologues de la marine

confédérée n’ont donc pas à envisager la moindre résistance de leurs proies.

Comme, en 1861, les États-Unis sont la seule nation occidentale qui a encore le

droit d’utiliser des corsaires, les armateurs de leur flotte commerciale n’ont jamais

imaginé que leurs cargos deviendraient la proie de leurs compatriotes. William

Marvel s’est intéressé aux échos de la presse des principaux ports étrangers où

l’Alabama a fait escale. Il note que ses officiers et son équipage ne laissent un bon

souvenir qu’en Afrique du Sud où la société blanche jouit des mêmes privilèges

raciaux que dans les États sudistes.

En revanche, sur la côte cochinchinoise, les autorités françaises refusent de livrer

des provisions à Semmes et le morigènent ainsi que ses officiers parce qu’ils se sont

livrés, par simple plaisir, à une hécatombe de babouins apprivoisés par les

autochtones. Dans l’île insulaire de Singapour, son Singapore Adverstiser du 17,

du 24 décembre 1863 et du 21 janvier 1864, ainsi que son Singapore Free Press du

8 janvier 1864 ne tarissent dans l’expression de leur joie et de leur soulagement que

le départ de Semmes et de son équipage ont apporté à la population locale.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!