02.06.2021 Views

SEMMES ET C.S.S. ALABAMA PDF

Marine dans guerre sécession

Marine dans guerre sécession

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

56

autorités portuaires ont prévu de quoi secourir rescapés de l’Alabama. Le préfet

maritime ne chôme pas davantage. De sa propre initiative, il requiert le commandant

du cuirassé La Couronne de visiter le commandant du Kearsarge pour prendre des

dispositions à propos des morts et voir s’il y a lieu d’hospitaliser les blessés. Les

discussions s’avèrent délicates car Winslow n’a pas encore digéré la façon dont les

pêcheurs français et le yacht britannique Deerhound lui ont confisqué ses

prisonniers.

Vers 18 heures, deux chaloupes de La Couronne se placent à couple du

Kearsarge pour charger ses quatorze blessés (trois Fédéraux et onze Confédérés)

qui sont attendus à l’Hôpital de la Marine. À cette démarche, succède une question

susceptible de créer une nouvelle polémique en termes de droit international : que

va-t-il advenir des marins et des officiers de l’Alabama, détenus à bord du

Kearsarge ? En début de soirée, le ministre Chasseloup-Laubat télégraphie au préfet

maritime de ne prendre aucune initiative à ce sujet tant qu’il n’aura pas

formellement déterminé si le Kearsarge a repêché ses prisonniers dans les eaux

françaises ou à l’extérieur de celles-ci. Dans le premier cas, le commandant fédéral

enfreindrait le droit maritime international s’il ne les débarquait pas immédiatement

dans le port.

Tandis qu’à Paris, les ministres de la Marine et des Affaires étrangères se

concertent sur les mesures à prendre dans ce cas de figure, Winslow libère sur parole

les marins rebelles après leur avoir fait signer un document dans lequel ils

s’engagent à ne plus reprendre les armes contre l’Union tant qu’ils n’auront pas été

échangés avec des prisonniers fédéraux et dans des conditions agréant Richmond et

Washington. En revanche, il ne relâche pas les six officiers rebelles que ses hommes

repêchèrent après la destruction de l’Alabama. Les difficultés semblent donc

s’aplanir, mais Napoléon III n’en est pas informé sur-le-champ car il ne se trouve

pas à Paris mais dans son château de Fontainebleau. À 21 h 45, il dépêche un

télégramme virulent à son ministre de la Marine, dans lequel il exige de savoir

pourquoi le préfet Dupuy a forcé l’Alabama à quitter le port et pourquoi aucun

bâtiment français n’a été prévu pour secourir les victimes du combat. Sa colère à

peine voilée trouve un écho immédiat : le chef d’état-major du ministre Chasseloup-

Laubat sollicite une audience pour corriger les fausses rumeurs qui circulent à ce

propos. La réponse impériale jaillit presque comme un écho : Venez déjeuner

demain matin. Partez par le train de 9 heures.

Quant au préfet Dupuy, il n’en a pas encore fini avec cette journée fertile en

rebondissements. Au cours de la soirée, il s’applique sur le très long rapport que son

ministre (Chasseloup-Laubat) exige de recevoir sans délai. Ce rapport ne contient

rien que nous ne connaissions déjà, sauf que Dupouy ignore encore le nombre de

victimes du combat, de Confédérés détenus à bord du Kearsarge et recueillis en mer

par le yacht Deerhound.

• Déclaration d’Evan P. Jones, commandant du yacht Deerhound

« Le 9 juin 1864, nous étions près de St. Malo où nous avions

débarqué M. Lancaster et sa famille (…) Ensuite, nous avons marché

sur Cherbourg (…) où nous avons mouillé près de l’Alabama (…) Nous

n’avons pas communiqué avec l’Alabama (…) Nous avons demandé de

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!