You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
57
le visiter, ce que son équipage nous refusa car il était trop occupé (…)
Ses hommes pratiquaient un exercice d’abordage et nous avons supposé
qu’ils projetaient de prendre le Kearsarge de cette manière (…) La
veille du combat, j’ai retrouvé M. Lancaster et sa famille (…) et je lui
ai mentionné la présence de l’Alabama dans le port en lui rappelant qu’il
avait été construit dans les chantiers navals de M. Laird à Birkenhead,
à l’époque où le Deerhound s’y trouvait pour quelques modifications
structurelles. Je lui ai également signalé que le Kearsarge avait croché
ses ancres à l’extrémité orientale du port afin de surveiller son
adversaire. C’était une position privilégiée pour le capitaine Winslow
car, de la sorte, son consul dans le port pouvait aisément le renseigner
sur la condition de l’Alabama et l’état de ses chaudières.
« Quand la famille remonta à bord, elle se réunit afin de décider si
elle sortirait pour assister au combat. M. Lancaster soumit cette décision
à un vote et c’est celui de M elle Lancaster qui les décida de prendre la
mer. Le lendemain matin, quand l’Alabama poussa la pression de ses
machines, j’ordonnai à mes hommes d’en faire autant. Nous avons
appareillé après le petit-déjeuner. Nous étions à quatre miles du port
quand nous vîmes que le Kearsarge se tenait à l’est de celui-ci au
moment où la corvette sudiste en émergea. Elle nous doubla de très prêt
pour cingler droit sur l’ennemi. Immédiatement après, elle tira deux ou
trois obus avec ses pièces pointées sur tribord. Le capitaine Winslow
riposta par une salve depuis son tribord.
« Alors, les deux vaisseaux se canonnèrent sans interruption tout en
formant des cercles de 750 m de diamètre. Après treize minutes de
combat, nous notâmes une certaine agitation sur le sloop fédéral. Par la
suite, j’appris qu’un obus avait endommagé son étambot, mais sans
exploser. Si cela s’était produit, Semmes aurait pu l’attaquer à
l’abordage (…) mais la vitesse supérieure de son adversaire déjoua son
plan. Selon moi, les Rebelles en auraient eu vite fait s’ils avaient pu
attaquer le navire ennemi à l’abordage car tous étaient des coriaces
lascars issus de toutes les nations et paraissaient tous en excellente
forme physique. J’ai l’impression que les exercices d’abordage,
auxquels Semmes soumettait ses hommes, inquiétèrent le consul fédéral
à Cherbourg, qui avertit Winslow de ses intentions. Semmes était
défavorisé car ses munitions n’étaient pas en bon état. J’appris que les
autorités (portuaires) ne l’avaient pas autorisé à les remplacer.
« Winslow mena bien son affaire car sa plus grande vélocité lui
permit de se positionner comme il le voulait. De plus, les chaînes sur
son tribord le protégèrent efficacement. Cependant, le bordé de la
corvette confédérée offrait un peu moins de surface que celui du
Kearsarge. Ce fut un combat splendide car les deux navires étaient de
force égale et avaient les mêmes chances de le remporter. Lorsque
l’Alabama commença à sombrer, notre yacht se glissa près du
Kearsarge et son capitaine nous demanda de secourir les marins en
perdition. Nous en avons récupéré quarante-deux, dont Semmes qui
portait un gilet de sauvetage. William Roberts, notre chef de cuisine, le