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SEMMES ET C.S.S. ALABAMA PDF

Marine dans guerre sécession

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Sud. Certains membres du cabinet fédéral s’efforcent mais en vain d’impliquer les

principaux acteurs politiques rebelles dans l’assassinat de Lincoln.

Le juriste qui sommeille en Semmes trouve un argument légal aussi efficace que

peu glorieux pour ne pas avoir à répondre de sa fuite après la destruction de

l’Alabama en dépit de la reddition qu’il avait dûment affichée en faisant hisser un

drapeau blanc. En effet, pour réfuter l’accusation que Welles formule à son propos

pour violation des usages de la guerre, Semmes bâtit sa défense sur les conditions

de reddition accordées par le général Sherman et qui autorisent les officiers et les

hommes de l’armée de Joseph E. Johnston à rentrer chez eux sans craindre des

représailles. À défaut de pouvoir produire Semmes devant un tribunal militaire et

se trouvant dans l’incapacité de formuler une accusation qui ne s’oppose pas aux

termes de la reddition, accordés par Sherman à Joseph Johnston, Semmes est remis

en liberté le 7 avril 1866. Il vit quelque temps à Mobile avant d’enseigner à

l’Académie militaire de Louisiane. Ensuite, il s’investit dans la promotion du Daily

Bulletin de Memphis où il décède en août 1877.

Le « Cas Alabama » à Genève, 1865-1872

Pour les Américains du Nord et surtout pour les actionnaires de leurs principales

compagnies maritimes, leur guerre civile ne peut se clore qu’après avoir fait payer

aux Britanniques, leur manque de diligence en matière de construction navale. En

saignant le commerce maritime nordiste, les croiseurs que les États rebelles ont fait

bâtir et se sont procurés en Grande-Bretagne ont permis à sa flotte marchande

d’accroître sa puissance en prenant sous son pavillon des tonnes de marchandises

qui, jusqu’en 1861, voyageaient sous un registre américain. Le cabinet de la reine

Victoria se sent donc mal pris. S’il reconnaît avoir failli à ses obligations de faire

respecter sa neutralité pendant la guerre civile américaine, il devra en assumer les

conséquences. En revanche, s’il réfute la légitimité des accusations que lui portent

les Américains, il s’aliènera leur amitié à un moment où ceux-ci pèsent de plus en

plus lourd sur l’échiquier international et disposent d’une flotte de guerre

supérieure, en nombre d’unités et en termes de tonnages, à celle du Royaume-Uni.

Le 30 août 1865, afin de préparer la défense de son gouvernement, Lord Russell

des Affaires étrangères britanniques écrit à Adams (ministre plénipotentiaire

américain à Londres) pour lui faire savoir que son gouvernement consent à

soumettre toutes les réclamations formulées durant la guerre civile américaine à

une commission habilitée à les examiner. Seward (secrétaire d’État aux Affaires

étrangères ou ministre des Affaires étrangères) perçoit la manœuvre dilatoire de son

interlocuteur et, saisissant la balle au bond, sollicite plus de précisions. Le 14

octobre, Russell lui répond que son gouvernement accepte d’étudier toutes les

requêtes qui lui seront adressées, mais il se garde de mentionner dès à présent la

nature de celles que la Couronne britannique jugera recevables. Entre-temps, Lord

Edward Stanley of Alderley lui succède aux Affaires étrangères. C’est donc à lui

qu’Adams transmet la réponse de Washington qui décline la formation d’un comité

commun pour régler le contentieux. Alors, le débat gèle provisoirement.

Comme les sentiments anglophobes aux États-Unis prennent progressivement

un essor aussi inquiétant que leur marine de guerre, Londres perçoit qu’elle perd

peu à peu sa supériorité maritime et ressent la nécessité d’apaiser ce peuple dont

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