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SEMMES ET C.S.S. ALABAMA PDF

Marine dans guerre sécession

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Il ne s’agit que d’une accumulation de méprises voulues ou involontaires dans la

localisation, les dates et les intentions des commandants de ces vaisseaux. En outre,

les informations provenant de ce que l’on appelle en France la « Guerre

d’Amérique » sont quasiment monopolisées par l’Agence Havas qui les recueille et

les distille avant d’en négocier la diffusion à la presse francophone et anglophone

avec un retard souvent considérable dû aux délais de traversée de l’Atlantique et à

l’adaptation en français des articles publiés dans les journaux britanniques. Le

cuirassé sudiste que mentionne erronément la presse du Cotentin ne peut être que le

fameux C.S.S. Stonewall qui, à ce moment-là n’a pas encore quitté le chantier naval

de Lucien Arman à Bordeaux et que les autorités françaises mettront sous séquestre

le 16 octobre 1864. Quelques astuces diplomatiques, l’intervention du margoulin

français Henri Arnous-Rivière, la complicité du banquier suédois Rudolph Puggart

et quelques solides dessous-de-table permettront aux agents sudistes de récupérer le

Stonewall et de l’armer en guerre le 28 janvier 1865 au large de Quiberon. Son

commandant, Thomas J. Page, le revendra pour 10 000 dollars américains au

capitaine-général de Cuba après avoir appris aux Bahamas que la Confédération

avait cessé d’exister. Quant au Général Lee, il ne s’agit pas d’un navire de guerre

mais du forceur de blocus R.E. Lee.

La corvette C.S.S. Florida, commandée par le lieutenant Charles M. Morris est

aussi hors de cause car, en juillet 1864, il poursuit une campagne qui, trois mois

plus tard, la mènera à sa capture dans la baie de Salvador de Bahia (Brésil). Quant

au C.S.S. Georgia, un affréteur de Liverpool l’a racheté trois semaines avant la mise

en pièces de l’Alabama. Son commandant, William L. Maury, a obtenu

l’autorisation de se débarrasser de son bâtiment car son incapacité à courir vite sous

la voile et son obligation de se réapprovisionner souvent en charbon le rendaient

trop vulnérable aux vaisseaux ennemis.

Les fausses rumeurs persisteront encore longtemps. Le 16 octobre 1864, par

exemple, le jeune grenadier Émile Noirsain et ses compagnons du régiment belge

envoyé au Mexique viennent d’embarquer sur le vapeur Louisiane à Saint-Nazaire

lorsque son équipage et ses passagers belges s’émeuvent à la vision d’un puissant

trois-mâts barque qui vient de les déborder. Une rumeur se propage aussitôt parmi

les marins français, ceux-ci prétendent qu’il s’agit du Vengeur, un nouveau croiseur

dont le capitaine Semmes vient de prendre le commandement et qui revient en

France pour venger l’Alabama. Cette rumeur est totalement absurde, mais son côté

romanesque séduit le grand public.

La clôture de l’affaire sur le plan français

Durant la nuit du 19 au 20 juin, un message crépite dans la salle du télégraphe de

la préfecture maritime de Cherbourg, il émane de John Lancaster, le propriétaire du

yacht britannique Deerhound, mais Dupouy n’en aura connaissance que le

lendemain :

« Nous avons sauvé une quarantaine d’hommes dont le capitaine

Semmes et treize de ses officiers. L’Alabama aurait perdu un officier et

un homme noyés, six hommes tués, un officier et seize hommes sont

blessés. »

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