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reconnut car il l’avait vu sur le Sumter à Gibraltar lors d’une de nos
escales. Nous avons aussi secouru M. Kell à qui Semmes doit la vie car
il le fit allonger sur le fond de notre canot pour lui éviter d’être identifié
par les marins fédéraux qui étaient à proximité de nous. Afin de passer
pour un des nôtres, Kell se coiffa du bonnet d’un de nos matelots, qui
portait le nom de notre yacht. Quand les Fédéraux nous demandèrent si
Semmes était en vie, Kell leur rétorqua : il s’est noyé et ils se
contentèrent de cette affirmation.
« Nous n’avons pas réussi à sauver M. Llewellyn, le médecin de
l’Alabama, il se noya tout près de notre yacht. Nous avons sauvé un
maximum de vies puis nous avons marché sur Southampton. N’ayant
aucune expérience en droit maritime, j’interrogeai M. Kell sur notre
éventuelle obligation de remettre nos rescapés au Kearsarge. Il me
répondit qu’aussi longtemps que les couleurs britanniques flotteraient
sur notre yacht, il ne saurait être question de livrer les personnes qui s’y
étaient réfugiées (…) Dans l’après-midi, notre yacht mouilla au large de
Cowes. M. Lancaster descendit à terre et se rendit au château de Cowes
(…) Ensuite, nous avons débarqué nos rescapés à Southampton. Le
lendemain, M. Lancaster accorda au London Times une interview au
cours de laquelle il raconta l’événement (…) Lorsque le capitaine
Semmes se hissa sur notre yacht, il était blessé, éreinté et semblait
misérable. Après avoir reçu quelques soins, il réapparut sur le pont aussi
frais qu’un gardon. Ses hommes semblent l’apprécier, mais j’ai
l’impression qu’ils préfèrent Kell. Il était le principal conseiller de
Semmes qui doit beaucoup de ses succès aux capacités de cet officier. »
• Résumé des rapports de Winslow à Gideon Welles (19-21 juin 1864)
« … Le 14 juin, je reçus une note du capitaine Semmes me priant de
ne pas quitter le port car il entendait me combattre au plus tard dans la
journée du 19 juin. Il quitta le port vers 9 h 30. À 10 h 20, nous
l’aperçûmes marchant vers nous. Pour éviter tout problème à propos de
la limite des eaux françaises, je me retirai à six ou sept miles au-delà de
celles-ci avant de virer en direction de l’Alabama. À environ
1 200 yards de nous, il tira à deux ou trois reprises avant que nous
ripostions. L’action continua tandis que nos deux navires entamaient
des cercles à environ 900 yards l’un de l’autre.
« À 12 h 24, l’Alabama commença à couler et disparut par quarante
brasses de fond en une vingtaine de minutes. Le yacht Deerhound
s’approcha de nous et je priai son commandant de se porter sur
l’Alabama qui coulait parce que nous n’avions que deux chaloupes pour
nous assister dans la récupération des hommes. Il accepta et se porta sur
l’Alabama qui sombrait. Le Deerhound détacha quelques canots.
D’autres esquifs venant de la côte furent actifs dans le sauvetage (…) À
un moment donné, on me signala que le Deerhound prenait le large. Je
n’avais pas pensé que le commandant de ce navire se conduise mal et
nous ravisse nos prisonniers. Ne pouvant rien faire, je maintins mes