5.2. Tensions ethniques – un deuxième génocide
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A l’époque coloniale, la thèse «Hamite» qui sous-tendait la prétendue origine<br />
européenne des Tutsi a été utilisée pour favoriser les Tutsi mais dans l’intérêt de la<br />
puissance coloniale. En effet, la puissance belge, en étroite collaboration avec<br />
l’Eglise Catholique, avait fini par conclure que les « Tutsi étaient nés pour diriger le<br />
pays» et qu’il était nécessaire de s’appuyer sur eux pour mieux gouverner. On<br />
écarta petit à petit des Hutu qui avaient <strong>un</strong> certain pouvoir dans certaines régions,<br />
mais c’est en 1926 qu’<strong>un</strong>e loi a été mise en place pour chasser tous les Hutu du<br />
pouvoir. Dans la foulée, <strong>un</strong>e école d’administration a été mise en place, le Groupe<br />
scolaire d’Astrida (alors reine de Belgique), <strong>un</strong>iquement pour ceux qui sont<br />
appelés à gouverner, c’est à dire les Tutsi. Les Hutu fréquentaient à peine le<br />
séminaire et n’étaient même pas encouragés à étudier. En 1932, la puissance<br />
coloniale belge institua <strong>un</strong>e carte d’identité avec mention «Tutsi» ou «Hutu», le<br />
critère étant la possession ou non de 10 vaches respectivement. Dès cette<br />
époque, être Tutsi ou Hutu ne relève plus du rang social. Ça devient<br />
héréditairement invariable.<br />
Trente ans plus tard, en 1957, <strong>un</strong>e génération d’Hutu, dont la majorité avait<br />
fréquenté le grand séminaire, a commencé à critiquer le régime en place. Dirigé<br />
par Grégoire Kayibanda, qui sera plus tard le premier président du pays, ce groupe<br />
d’Hutu a mis en place <strong>un</strong> parti politique raciste, le Parmehutu ou Parti pour<br />
l’Emancipation du Peuple Hutu. Ce parti disait clairement que les Tutsi étaient des<br />
étrangers, qu’ils étaient d’<strong>un</strong>e race différente de celle des Hutu et qu’ils venaient<br />
d’Ethiopie. Le Parmehutu demandait la décolonisation du pays envahi et asservi<br />
par les Tutsi.<br />
Comme c’était l’époque des indépendances, les Tutsi qui étaient au pouvoir ont<br />
commencé à revendiquer l’indépendance à l’instar d’autres pays africains. La<br />
puissance coloniale belge se fâcha contre ces «ingrats» qui ne savaient pas<br />
remercier leur maîtres. Mais mieux, la Belgique comprit qu’il fallait changer de<br />
tactique afin de maintenir son influence dans le Rwanda futur. La puissance<br />
coloniale se mit alors activement à aider les Hutu à prendre le pouvoir. La thèse du<br />
Hutus = peuple ; et Tutsis = colonialistes, féodaux et étrangers fut beaucoup plus<br />
défendue par les Flamands, dont le nombre avait beaucoup augmenté au Rwanda