5.2. Tensions ethniques – un deuxième génocide
5.2. Tensions ethniques – un deuxième génocide
5.2. Tensions ethniques – un deuxième génocide
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
- 72 -<br />
« A mon avis, cela relève de la thèse du double <strong>génocide</strong>, thèse<br />
tenue immédiatement après le <strong>génocide</strong>. […] depuis novembre<br />
1994 déjà, Mitterrand parlait des <strong>génocide</strong>s au sommet francoafricain<br />
tenu à Biarritz. Tous les acteurs français n'ont cessé<br />
d'utiliser le pluriel en parlant du <strong>génocide</strong>, <strong>un</strong> peu pour montrer<br />
que même si la France avait soutenu <strong>un</strong> régime génocidaire,<br />
c'est du pareil au même car le régime au pouvoir n'est pas mieux.<br />
Cette thèse du double <strong>génocide</strong> a poussé les acteurs diversifiés à<br />
chercher les chiffres.<br />
Ce qui est en effet correct, c’est l’affirmation qu’il y a eu des morts qui sont tombés<br />
sous les balles pendant la bataille à l’Est du Congo et le démantèlement des<br />
camps de réfugiés (qui étaient basés non loin de la frontière rwandaise), ainsi que<br />
des morts de faim et de choléra dans la forêt vierge du Congo en fuyant les<br />
combats. 110<br />
Déficit de liberté<br />
Comme déjà vu précédemment, les médias jouaient <strong>un</strong> grand rôle dans l’appel<br />
aux massacres. Par la RTLM, on motivait les Hutu à tuer et massacrer les<br />
cancrelats Tutsi.<br />
Entre-temps, les médias se sont développés en termes de densité et de travail<br />
critique sur les informations, et ils ne portent plus le même nom. Mais tout de<br />
même, il y a encore beaucoup à faire pour atteindre la liberté de presse<br />
proprement dite. Pendant la période de transition, la radio et la télévision<br />
demeurent le monopole de l’état. Jusqu’à aujourd’hui, l’état de liberté de presse<br />
reste branlant. C’est comme si on avait oublié de tirer la leçon des années avant et<br />
pendant 1994. Les médias publics restent largement fermés aux opinions<br />
contradictoires. De plus, les mesures consistant à faire payer au plus fort les<br />
tranches de diffusion limitent les émissions d’associations de la société civile.<br />
Le gouvernement de Paul Kagamé s’explique ainsi, qu’on ne veut pas voir<br />
apparaître <strong>un</strong> nouveau « monstre » comme la tristement célèbre RTLM. Une seule<br />
110 Tiré des informations reçues de la mission permanente de Rwanda à Genève.