VULGARISATION SCIENTIFIQUE - Colloque Sciences médias et ...
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sociétés archaïques<br />
1°/ constitue l'Histoire des actes des Etres Surnaturels<br />
2°/ que c<strong>et</strong>te Histoire est considérée absolument vraie (parce qu'elle se rapporte a des réalités) <strong>et</strong><br />
sacrée (parce qu'elle est l'oeuvre des Etres Surnaturels)<br />
3°/ que le mythe se rapporte toujours à une "création", il raconte comment quelque chose est<br />
venu à l'existence, ou comment un comportement, une institution, une manière de travailler ont<br />
été fondés ; c'est la raison pour laquelle les mythes constituent les paradigmes de tout acte<br />
humain significatif<br />
4°/ qu'en connaissant le mythe, on connaît l'"origine" des choses <strong>et</strong>, par suite, on arrive a les<br />
maîtriser <strong>et</strong> les manipuler à volonté ; il ne s'agit pas d'une connaissance "extérieur abstraite", mais<br />
d'une connaissance que l'on "vit" rituellement, soit en narrant cérémoniellement le mythe, soit en<br />
effectuant le rituel auquel il sert de justification<br />
5°/ que, d'une manière ou d'une autre, on "vit" le mythe, dans le sens qu'on est saisi par la<br />
puissance sacrée, exaltante, des événements qu'on remémore <strong>et</strong> qu'on réactualise."<br />
Bien qu'Eliade ne veuille appliquer ces différents aspects du mythe qu'à son vécu dans<br />
les sociétés archaïques, nous pensons qu'ils s'appliquent littéralement au vécu de la<br />
scientificité dans les sociétés modernes.<br />
La vulgarisation scientifique est effectivement l'Histoire des actes des savants. 134 Bien<br />
entendu, les savants ne sont pas des Etres Surnaturels ; mais leur activité située dans ce<br />
monde à part qu'est le monde des laboratoires, centres de recherche, universités, <strong>et</strong>c.,<br />
n'est affectivement pas naturelle.<br />
Le regard du médecin sur la nudité du corps est un regard surnaturel dans la mesure où<br />
c'est un regard qui regarde autre chose que ce qui est montré. C'est un regard sur (la)<br />
nature dont l'origine ne peut être repérée ni dans la nature—auquel cas il ne pourrait<br />
être regard savant—ni dans la culture—auquel cas il ne pourrait échapper à la relation<br />
sociale impliquée par le sens du dévoilement de la nudité—. Autrement dit, c'est un<br />
regard qui échappe à c<strong>et</strong>te distinction culturelle (propre à la nature humaine) entre<br />
nature <strong>et</strong> culture. 135 Son origine doit donc bien être située dans un au-delà, au sens strict<br />
du terme. Et il ne s'agit pas seulement ici du regard médical, mais du regard savant<br />
dans sa plus grande généralité. L'œil collé au télescope de l'astronome n'est pas<br />
véritablement humain dans la mesure où ce qu'il voit, aucun homme, même pas luimême,<br />
ne peut le voir. Ce n'est pas l'homme qui voit, ni le télescope, mais leur<br />
conjonction qui, par une sorte de coup de force historique dont les eff<strong>et</strong>s furent inouïs,<br />
prend valeur d'existence. C'est à dire que le rapport de l'astronome au télescope n'est<br />
plus le rapport de l'homme à un outil dont l'usage serait déterminé par les nécessités de<br />
la survie ou celles d'une pratique sociale particulière. En fait, ce n'est plus un rapport au<br />
sens où ce terme implique la mise en place d'une relation entre deux choses dont la<br />
134 Les statistiques déjà citées de RIOT <strong>et</strong> al. <strong>et</strong> reproduites en annexe X montrent qu'après la médecine <strong>et</strong><br />
l'espace, l'un des thèmes les plus importants de la vulgarisation est ce qu'ils ont appelé "le monde des<br />
savants".<br />
135 Cf. l'introduction aux Structures élémentaires de la parenté de Lévi-Strauss.<br />
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