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VULGARISATION SCIENTIFIQUE - Colloque Sciences médias et ...

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econnue après-coup d'avoir pu choisir, mais que l'acte d'écrire transforme en une<br />

véritable impossibilité. L’écriture est la mise en acte d'un savoir qui ne sait qu'une seule<br />

chose à la fois <strong>et</strong> qui donc, à chaque moment de l'inscription, pose l'oubli absolu du<br />

reste ; c'est donc la pensée qui se fragmentarise dans le temps, <strong>et</strong> qui donc doit assumer<br />

sa cohérence au niveau de l'ordre temporel imposé à la succession des idées.<br />

La reprise de ce qui est écrit par la lecture est ce qui autorise la constitution d'un savoir.<br />

C'est le moment où ce qui ne visait qu'à la production de connaissances, s'expose aux<br />

nécessités de la reconnaissance elle-même conditionnée par des règles d'association<br />

paradigmatique imposées à chaque niveau social du savoir. En proposant son analogie<br />

entre les"paradigmes scientifiques" propres à chaque discipline <strong>et</strong> les gestalt de la<br />

théorie de la forme, Kuhn (62,70a,70b) repère la force d'inertie que la lecture impose à<br />

la science en en constituant le savoir tel qu'il sera transmis, échangé, accumulé,<br />

vulgarisé, <strong>et</strong>c... Le savoir est ce qui transforme la cohérence linéaire <strong>et</strong> temporelle des<br />

opérations de la science, en une configuration spatiale, un tableau que l'épistémologie <strong>et</strong><br />

la vulgarisation, chacune selon leur grammaire respective, vont se charger de décrire.<br />

Cependant c<strong>et</strong>te description, quelque soit sa fidélité aux concepts scientifiques, n'est<br />

plus liée, par définition, au travail de l'inscription qui est à la source de la productivité<br />

scientifique. Décrire la science, c'est, au sens propre du terme, en dénier l'écrit. C'est<br />

d'ailleurs le reproche que Serres (68 : 62) adresse à l'épistémologie classique :<br />

"Aussi éloignée à la fois de la langue logique (mineure, formelle, moderne...) <strong>et</strong> de la langue<br />

mathématique, l'épistémologie se situe à un niveau linguistique indéfinissable <strong>et</strong> vague tant qu'il<br />

s'agit de décrire ; <strong>et</strong> là, ce niveau linguistique n'est pas essentiellement différent de celui de la<br />

vulgarisation ou du commentaire, où l'on passe d'un langage technique au langage commun."<br />

Si Serres peut faire une telle remarque sur la parenté existant entre la vulgarisation <strong>et</strong><br />

l'épistémologie, c'est que celle-ci, à l'image de la première, tente d'instituer une certaine<br />

lecture de la science, selon les règles d'une "grammaire philosophique" qui lui impose<br />

un mode d'apparaître conditionné par une norme d'intelligibilité hétérogène. Dans<br />

l’épistémologie comme dans la vulgarisation, la science fait figure de contenu manipulé<br />

par un discours qui laisse sans réponse la question de son origine, c'est à dire du lieu<br />

social de son énonciation. On comprend d'ailleurs que le discours de la vulgarisation ne<br />

puisse effectivement pas répondre à c<strong>et</strong>te question, puisque le métalangage dont elle<br />

use pour "dire le vrai sur le vrai" (Lacan, 66 : 867) c'est la langue vulgaire, dont les<br />

paradigmes sont réglés par le sens commun dont on a déjà souligné l'aspect<br />

éminemment anonyme. Quant au discours épistémologique, la seule manière dont il<br />

pourrait dépasser le niveau d'une description programmée par "l'air philosophique du<br />

temps", serait de fonder la possibilité d'un anonymat analogue qui rendrait<br />

apparemment possible la purification du métalangage de la vérité scientifique.<br />

Mais on aboutit alors à la solution justement adoptée par Serres (68 <strong>et</strong> 72) d'une<br />

intersubjectivité fondée sur la création d'un nouveau langage propre à l'épistémologie,<br />

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