VULGARISATION SCIENTIFIQUE - Colloque Sciences médias et ...
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C'est bien parce que le suj<strong>et</strong> de la science est irrepérable dans le discours qu'il produit<br />
que ce discours peut à juste titre prétendre à une véritable universalité. Mais c<strong>et</strong>te<br />
universalité n'est concevable que si elle reste pure de toute détermination subjective.<br />
C'est donc un vide, qui appelle son remplissement concr<strong>et</strong>, tout en voulant maintenir<br />
son aspect universel.<br />
Si nous pouvons voir le discours de la science résister aux manoeuvres d'intégration<br />
intellectuelle <strong>et</strong> sociale dont il est l'obj<strong>et</strong> de la part de l'épistémologie 181 <strong>et</strong> de la<br />
vulgarisation, c'est parce qu'il répond d ’ une temporalité linéaire dont aucune<br />
configuration spatiale ne peut prétendre produire la représentation. C'est d'ailleurs ce<br />
que ne manque pas de souligner Roqueplo (68 : 19) dans son article sur le sens de la<br />
science :<br />
"Du point de vue de son rattachement au langage, cela signifie que tant du point de vue de ses<br />
termes, que du point de vu de sa globalité, le discours formalisé—tout en ayant parfaitement<br />
conscience de nous référer, par l'intermédiaire de sa vérification, à une réalité extérieure par<br />
rapport à laquelle il se sait vrai—renonce à concevoir sa propre vérité en termes de désignation <strong>et</strong> de<br />
représentation, comme le fait le langage ordinaire." (souligné par l'auteur, Roqueplo)<br />
Nous pouvons suivre l'auteur quand il affirme que "le discours formalisé renonce à<br />
concevoir sa propre vérité en termes de représentation". Par contre, nous n'acceptons<br />
pas l'idée d'un discours formalisé qui impliquerait la réflectivité d'un savoir vrai.<br />
Comme il le disait d'ailleurs auparavant, le moment de la vérification est celui où le<br />
discours se fait vrai <strong>et</strong> non pas forcément celui où il se sait vrai. Roqueplo est en fait<br />
animé du désir de réconcilier science <strong>et</strong> savoir, ce qui le conduit à sacrifier l'idée d'un<br />
"savoir ontologico représentatif" (p.200) pour déboucher sur la "certitude d'un savoir-<br />
181 Parmi bien d'autres exemples de c<strong>et</strong>te résistance du langage de la science dans le discours<br />
épistémologique, citons ce passage de Bachelard (49 : 108) : "On sait que la loi rationnelle qui règle les<br />
phénomènes de la lampe électrique à incandescence est la loi de Joule qui obéit à la formule algébrique : W =<br />
RI 2 t. (W: énergie, R: résistance, I: intensité, t: temps). Voilà un exact rapport de concepts bien définis. W<br />
s'enregistre au compteur, RI 2 t se dépense dans la lampe. L'organisation objective des valeurs est parfaite".<br />
Ce passage qui est tiré d'un chapitre intitulé "Connaissance commune <strong>et</strong> connaissance scientifique" participe<br />
à une démonstration visant à faire sentir à travers le caractère abstrait de la connaissance objective, la<br />
rupture qui sépare celle-ci de la connaissance commune. Au niveau de son sens, le passage ne fait pas<br />
problème même pour celui qui n'aurait jamais ouï dire de c<strong>et</strong>te formule de Joule. Celle-ci n'est pas là pour<br />
elle-même, mais pour représenter autre chose qui appartient à la science au niveau de sa globalité.<br />
N'importe quelle formule existant réellement ou même imaginaire (sous une forme aussi aberrante que W =<br />
R 2 I t/2 ou W = RI/2 t 2 , <strong>et</strong>c...) pouvait apparaître dans ce raisonnement sans en changer la pertinence, pourvu<br />
que la formule fasse apparaître dans sa littéralité son appartenance au langage de la science.<br />
"Naturellement, continue d'ailleurs Bachelard un peu plus loin (p.109), si nous eussions choisi un exemple<br />
plus compliqué, nous aurions pu m<strong>et</strong>tre en évidence des caractères rationnels plus nombreux ayant des<br />
relations mathématiques plus complexes. Mais dans sa simplicité, nous croyons que notre exemple est<br />
suffisant pour engager la discussion philosophique fondamentale entre réaliste <strong>et</strong> rationaliste". L'auteur est<br />
ici explicite sur le fait que ce n'est pas la signification de la formule qui entre en jeu dans le raisonnement.<br />
Qu'est-ce que c'est alors sinon sa littéralité dans la mesure où celle-ci renvoie à un certain type d'écriture ?<br />
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