VULGARISATION SCIENTIFIQUE - Colloque Sciences médias et ...
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Bien que particuliers à chaque niveau d'instruction, les contextes constituant l'enrobage<br />
des contenus scientifiques doivent cependant perm<strong>et</strong>tre à ceux-ci de venir combler les<br />
lieux du non savoir d'une manière telle que ces contenus puissent acquérir une certaine<br />
pertinence en rapport plus ou moins diffus avec la conscience que les lecteurs peuvent<br />
avoir de ces lieux.<br />
Au niveau le plus élevé de la hiérarchie savante, la vulgarisation — attestée par des<br />
revues comme Scientific American ou Atomes/La Recherche, par des oeuvres<br />
encyclopédiques telle l'Encyclopaedia Britannica, par des essais scientifiques d'inspiration<br />
philosophique ou des essais philosophiques d'inspiration scientifique, ou encore par<br />
des biographies de savants célèbres ou des histoires de disciplines particulières — peut<br />
effectivement compter sur un intérêt lié chez le lecteur au repérage relativement<br />
conscient des domaines qui échappent à la conscience qu'il a de son savoir. Le<br />
spécialiste a plus ou moins conscience des champs que ne recouvre pas son savoir de<br />
spécialiste. Ceci se reflète d'une manière parfaitement explicite dans c<strong>et</strong>te vulgarisation<br />
de très haut niveau, dont l'aspect encyclopédique témoigne d'une aspiration légitime à<br />
transm<strong>et</strong>tre des connaissances selon le réseau d'un échange interdisciplinaire. On peut<br />
cependant faire, au suj<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te vulgarisation apparemment légitime <strong>et</strong> transparente<br />
par rapport à l'intention didactique qui en anime la production par les spécialistes euxmêmes,<br />
plusieurs remarques importantes.<br />
La première est que les articles qui y paraissent ne se distinguent souvent des articles<br />
publiés dans les revues spécialisées que par le contexte encyclopédique qui les entoure.<br />
Et en eff<strong>et</strong>, en tout cas pour ce qui concerne la revue Scientific American, les tirés-à-part<br />
de certains articles vont pouvoir souvent rejoindre sinon les bibliographies spécialisées,<br />
du moins, l'ensemble des outils pédagogiques utilisés par l'enseignement des<br />
disciplines dont ils relèvent. 99 C'est à dire que le contexte encyclopédique semble ici<br />
constituer à lui seul le critère qui fait passer un article de son état d'information<br />
scientifique "pure" (<strong>et</strong> éventuellement de ses potentialités en ce qui concerne l'initiation)<br />
à son état de vulgarisation. Ceci nous semble intéressant dans la mesure où<br />
l'encyclopédisme est justement la forme antithétique du savoir de spécialiste, ou plus<br />
précisément, la forme même à travers laquelle son non savoir peut se fixer tout en<br />
maintenant une référence globale à LÀ SCIENCE, comme tableau universel de toutes<br />
les connaissances humaines. Car contrairement à ce que l'on pourrait penser,<br />
l'encyclopédisme ne souligne pas le pluriel des pratiques parcellaires dont la science se<br />
nourrit, mais bien le singulier d'une image globale, intégrée, universelle, de la vérité<br />
scientifique. 100<br />
99 Ceci est particulièrement vrai des articles de psychologie expérimentale (behaviorisme) <strong>et</strong> de biologie<br />
publiés dans la revue Scientific American, ce qui évidemment tempère quelque peu la portée de c<strong>et</strong>te<br />
première remarque.<br />
100 Symptomatique à c<strong>et</strong> égard fut le passage du titre Atomes à La Recherche, c'est à dire du pluriel des<br />
disciplines au singulier d'un savoir scientifique global.<br />
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