VULGARISATION SCIENTIFIQUE - Colloque Sciences médias et ...
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événements relatés — d'autre part, la permanence <strong>et</strong> la stabilité de LA SCIENCE, elle<br />
aussi valorisée dans un curieux singulier dont nous avons vu l'impact sur le style<br />
(équivalence sur le plan de la connotation des termes scientifiques utilisés dans la<br />
vulgarisation) grâce à la multiplication des problèmes qu'elle résout (encyclopédisme).<br />
La transcription à laquelle les deux genres procèdent relève donc d'un désir de positiver<br />
la réalité du je <strong>et</strong> celle de la science, en les plaçant comme équivalents généraux d'une<br />
multiplicité d'événements dont ils donnent la mesure en en réglant le sens d'après des<br />
normes liées au présent de l'acte d'écrire.<br />
Ceci se traduit au niveau du style vulgarisateur par un usage privilégié de ces figures<br />
de rhétorique que Fontanier (68 : 124) définit comme "les figures d'expression par<br />
réflexion" 173 , en particulier le paradoxisme <strong>et</strong> l’hyperbole. De ce type de figures, Fontanier<br />
nous dit notamment :<br />
"Pour charmer encore l'esprit des autres en l'exerçant, nous ne présenterons la pensée qu'avec un<br />
certain détour, qu'avec un air de mystère ; nous la dirons moins que nous ne la ferons concevoir<br />
ou deviner, par le rapport des idées énoncées avec celles qui ne le sont pas, <strong>et</strong> sur lesquelles les<br />
premières vont en quelque sorte se réfléchir, sur lesquelles du moins elles appellent la réflexion, en<br />
même temps qu'elles les réveillent dans la mémoire."<br />
C<strong>et</strong>te citation est un résumé étonnant par sa pertinence des caractéristiques essentielles<br />
du style vulgarisateur tel qu'on le trouve non seulement chez les "classiques" du genre<br />
(Fontenelle, Voltaire, Diderot, <strong>et</strong>c.) mais également dans les revues de vulgarisation<br />
modernes. Fontanier (ibid. : 137) définit le paradoxisme de la manière suivante : c'est<br />
"un artifice de langage par lequel des idées <strong>et</strong> des mots, ordinairement opposés <strong>et</strong> contradictoires<br />
entre eux, se trouvent rapprochés <strong>et</strong> combinés de manière que tout en semblant se combattre <strong>et</strong><br />
s'exclure réciproquement, ils frappent l'intelligence par le plus étonnant accord <strong>et</strong> produisent le<br />
sens le plus vrai comme le plus profond <strong>et</strong> le plus énergique."<br />
Citons, à titre d'exemples, parmi les titres proposés par Science <strong>et</strong> Vie durant l'année 1969<br />
:<br />
« Les métaux qui n'existent pas" ; "On élève sur terre des extra-te"rrestres" ; "Le déprimé : Un<br />
homme dans un oeuf" (SV-617) ; "Comment vivre 365 jours avec 50 litres d'eau pour 3 hommes" ;<br />
"Comment "affamer" un cancer" (SV-6l8) ; "Le sexe n'est pas une affaire de sexe" (SV-620) ;<br />
"Andorre ou Monaco peuvent avoir leur bombe H" ; "L'intuition du plus innocent peut lui faire<br />
découvrir la solution d'un problème encore insoluble" ; "Doux comme la soie, fin comme un<br />
cheveu, plus dur que l'acier <strong>et</strong> plus tenace qu'un câble : le charbon (... Tisser du charbon" (SV-621)<br />
; "16 jours vécus en 1 jour" ; "A travers l'Atlantique sur un bateau de papier" (SV-622) ; "Des<br />
particules qui arrivent avant d'être parties" ; "Une "maladie" contagieuse : le Prix Nobel" (SV-626)<br />
; <strong>et</strong>c..."<br />
173 A propos de l'autobiographie, Starobinski (70 : 93) notait la fréquence des figures d'expression par<br />
opposition (prétérition, ironie) due à c<strong>et</strong>te distance "que prend le narrateur à l'égard de ses fautes, de ses<br />
erreurs, de ses tribulations."<br />
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