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VULGARISATION SCIENTIFIQUE - Colloque Sciences médias et ...

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mouvements de Neptune sont imprévisibles ! Et Fort de les défier : si les astronomes sont aussi<br />

forts qu'ils le prétendent, qu'ils découvrent donc une autre planète par-delà Neptune ! Il est vrai<br />

que ces lignes furent écrites avant la découverte de Pluton en 1930 ; mais Fort eut quand même le<br />

dernier mot : Pluton se révéla plus p<strong>et</strong>it, <strong>et</strong> de beaucoup, que les astronomes ne s'y attendaient."<br />

On pourrait nous rétorquer que c<strong>et</strong>te longue citation, venant d'un livre sur les pseudo<br />

savants, ne prouve rien. Mais justement, le commentaire de Gardner donne raison à<br />

Fort alors que tout l'ouvrage est une défense de la vraie science contre la "fausse". Fort a<br />

d'ailleurs une place assez spéciale dans ce livre, attestée par l'attitude ambiguë de<br />

l'auteur à son égard :<br />

"Peut-être prenons-nous Fort trop au sérieux, dit Gardner p.63, tombant ainsi dans l'un de ses<br />

chausse-trapes. Fort n'était rien moins qu'un ignorant ; la façon dont il discute de suj<strong>et</strong>s comme le<br />

"principe d'incertitude" dans la théorie quantique moderne révèle une bonne connaissance de la<br />

question traitée. S'opposer à l'idée que les électrons se déplacent "au hasard" n'est guère de mise à<br />

l'époque. Et cependant les sarcasmes de Fort concordent avec les critiques plus techniques qu'en<br />

firent Einstein <strong>et</strong> Bertrand Russell !"<br />

On pourrait également mentionner la météorologie à l'intérieur de ce thème de l'espace,<br />

discipline dont les déboires (réels ou mythiques, peu importe) avec la vérité sont trop<br />

connus pour qu'on insiste. L'astronomie est aussi la science qui illustre le mieux l'idée<br />

positiviste que la vérité existe quelque part, à l'abri du temps dont l'oeuvre destructrice<br />

accable le monde terrestre. Mais si la vérité est pratiquement hors d'atteinte, elle<br />

devient la science qui, par excellence, perm<strong>et</strong> à l'homme de concevoir le faux. Elle<br />

constitue une introduction idéale—comme Comte l'affirmait justement bien que pour<br />

d'autres raisons—à l'erreur scientifique nécessaire pour que se constitue le suj<strong>et</strong> de la<br />

science. 127 Seule la possibilité de concevoir l'erreur détache le vrai de la croyance. Seule<br />

également, elle perm<strong>et</strong> à l'activité expérimentale <strong>et</strong> discursive de s'autonomiser par<br />

rapport à l'obj<strong>et</strong> dont l'éloignement réel en astronomie a donné à c<strong>et</strong>te discipline le<br />

privilège d'inaugurer l'esprit scientifique <strong>et</strong> d'en représenter l'essence dans la<br />

vulgarisation. Mais si c<strong>et</strong>te possibilité de concevoir l'erreur est ce qui fonde l'esprit<br />

scientifique, on doit adm<strong>et</strong>tre que le réel parle, envoie des signes codés par des lois. Il<br />

doit y avoir deux langages : celui du réel (la vérité—<strong>et</strong> c'est ce qui justifie l'empirisme—)<br />

<strong>et</strong> celui du suj<strong>et</strong> de la science (l'erreur). Ces deux langages veulent se rejoindre, s'enter,<br />

ce qui aurait pour eff<strong>et</strong> d'abolir <strong>et</strong> le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le réel pour n'avoir plus que du langage,<br />

c'est à dire une réalité de discours m<strong>et</strong>tant en jeu une sorte de savoir immanent.<br />

L'existence de ces deux langages avec c<strong>et</strong>te distribution particulière de la vérité <strong>et</strong> de<br />

l'erreur, c'est l'astronomie qui l'illustre le mieux. Dans la médecine par contre, les deux<br />

langages sont dans un rapport inverse à celui de l'astronomie : le langage du réel (la<br />

parole du patient) est faux, tandis que le langage du suj<strong>et</strong> de la science (le diagnostic)<br />

est bien celui du vrai.<br />

127 Evans-Pritchard, comme beaucoup d'autres anthropologues, caractérise la pensée primitive par son<br />

impossibilité à penser le faux. Il écrit à propos du Zandé (cité par Horton, 71 : 230) : "It is the texture of his<br />

thought and he cannot think that his thought is wrong."<br />

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