Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
musique auprès des clients de la terrasse voisine, et la gitane
m’a tourné le dos, non sans m’avoir glissé un clin d’œil
entendu. Je me suis pris à méditer sur sa dernière phrase en
sirotant mon café. Cela rejoignait tout à fait ce qu’avait pu
m’écrire Marc, voilà quelque temps. N’avais-je en effet pas
trop accordé d’importance et de place dans ma vie à l’amour
charnel, et pas assez aux sentiments ? C’est ce que semblait
penser mon fils, et qui m’avait pourtant paru un peu idéaliste.
Mais qu’est-ce qu’un homme sans idéal ?
J’eus soudain envie de crier cette question à mes voisins
de table, un couple d’amoureux qui se tenaient la main en se
susurrant des mots doux. Je me retins de justesse et demandai
l’addition à la serveuse. Je ressentais un besoin urgent de
m’adresser à dieu et de le prier, pour qu’il m’indique ma
route, mais la terrasse d’un restaurant ne me semblait pas le
lieu adéquat. Je me suis donc engouffré dans les ruelles du
vieux port, à la recherche d’une église.
J’ai fini par trouver une chapelle, sur une placette, mais,
quand j’ai voulu en ouvrir la porte, celle-ci était fermée ; à
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