Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
sur les cuisines, voire le garde-manger, et tout aurait été alors
beaucoup plus simple ; je me serais fait tranquillement un
bon casse-croûte, sans déranger personne, et sans que l'on me
dérange non plus. Un moment, je songe à retourner à ma
cabine, pour m'y tailler un steak dans la carcasse de Dvorek,
mais j'abandonne l'idée ; pas que l'anthropophagie me
répugne plus que ça, mais disputer ma viande aux mouches,
non merci ! Alors quoi, attendre que la soirée se termine,
derrière le sas, et que tout le monde parte se coucher, me
laissant enfin le champ libre.
Mais je n'ai même plus l'heure, depuis que la pile de
ma montre m'a lâché, et je n'ai de ce fait aucune idée du
temps qu'il me faudrait patienter. Quelle poisse ! D'un autre
côté, si je m'écoutais, je franchirais bien le sas comme si de
rien n'était, pour me diriger vers le bar, et y commander un
gros sandwich et une vodka, celle-là même qui me manque,
depuis que Dvorek a passé l'arme à gauche, sous mon
« impulsion ».
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