Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
nous avons traversé l’esplanade, toujours accompagnés par
les pigeons et nous avons suivi Jan à travers un dédale de
ruelles jusqu’à un petit magasin d’aspect miteux, lui aussi,
baptisé « le paradis de l’immigrant ». L’intérieur en était tout
encombré d’anoraks et d’épaisses parkas, de duvets polaires,
de gants fourrés et de passe-montagne.
Nous avons fait nos emplettes avec les conseils de Jan qui
nous indiquait toujours de choisir au plus chaud et, devant
nos récriminations, se contentait de répéter d’un air entendu :
— Da volno et da frizno !…
A notre passage à la caisse, le gérant du magasin, un grand
barbu avec d’épais sourcils bruns, nous a simplement
demandé nos cartes d’identité et, apparemment satisfait, a
repoussé d’un geste grave la carte de crédit que je lui tendais.
— Drovonik ! a-t-il seulement répondu en terme
d’explication.
Je n’ai pas trop cherché à comprendre, bien content de ne
pas avoir à payer la quantité de matériel et de vêtements que
nous avions pris avec nous et nous sommes ressortis du
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