Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
Je ne fis aucun commentaire, n’ayant pas véritablement
envie de payer un supplément cet après-midi là, et je repartis
avec mon vélo sous le bras. Je pris une douche pour me
débarrasser du parfum entêtant de la dame, et me refis une
santé avec une bonne sieste.
Quand Lucie revint du travail, je ne pus m’empêcher de
me demander si elle ne m’avait pas trompé de la même
manière, de cinq à sept. Décidément, c’en était fait de mon
bel amour ; j’avais beau lui trouver toujours autant de
charme, je ne savais que repenser à ce que m’avait révélé
Nordine à son sujet, à ses vingt-six amants, comme les vingt-
six lettres de l’alphabet. Et puis aussi, je devais m’avouer que
je n’étais pas si fier d’avoir moi-même cédé aux avances de
sa voisine, quelques heures plus tôt ; je n’étais pas coutumier
du fait. Ma mauvaise conscience m’interdit donc de l’honorer
ce soir-là, et je dus prétexter la fatigue pour pouvoir
repousser ses baisers et ses avances. J’eus pourtant bien du
mal à m’endormir, en proie aux remords et au ressassement, à
l’inquiétude et au doute aussi. Quelle conduite adopter avec
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