Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
Cris
J'ai entendu des cris dans la nuit. Je me suis levé.
Trois gardiens violent une guenon dans les sanitaires, le
pantalon en bas des jambes. Dura lex, sed lex.
Mais le viol, ça reste une épreuve supportable pour les
femmes et les guenons, qui savent rester philosophes, tant
qu'il n'est pas accompagné des coups ; coups de poing, de
pied, de matraque. Car nos gardiens alaskaïens ont la main
lourde, parfois, surtout quand ils ont abusé de Brouzna, ce qui
arrive à peu près chaque soir. Et il n'est pas rare de retrouver
l'une de ces pauvres créatures, étendue raide morte, la tête
fendue, sur le carrelage des sanitaires, que nos hôtes ont
gentiment surnommés leur « salle de réunion et de repos ».
Oui, les alaskaïens sont de véritables brutes sans
cervelles, et c'est une cruelle désillusion pour moi, qui
espérais tant faire la découverte d'une culture alternative
raffinée. Les cris ont fini par cesser, et au bout d'un moment,
je me suis décidé à aller réconforter la malheureuse. Mais
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