Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
dos comme une paire de cuillères dans un baluchon. Ma belle
amourette partie, je me sentais désemparé, à l’idée de me
séparer définitivement de mon ancienne compagne. Et puis
celle-ci n’habitait-elle pas une résidence pour
fonctionnaires ? En emménageant chez elle, j’allais me
retrouver plongé au milieu d’un nid d’improductifs malsains
et mal pensants, comme je me les imaginais. D’un autre côté,
Lucie avait la peau si douce et si dorée que j’en chavirais rien
que d’y repenser.
Mais au fait, qu’est-ce qui avait donc pu la faire craquer si
rapidement ? Je n’avais pourtant rien d’un play-boy, même si
je me savais plaire aux femmes. A vingt cinq ans,
qu’attendait-elle donc de moi, si ce n’est un père pour ses
futurs enfants, un jardinier pour tondre sa pelouse, un
bricoleur pour accrocher les canevas de sa mère aux murs…
J’ai frissonné et je suis allé me chercher une Baltzar au
réfrigérateur. Sans aucun doute, elle allait également me
mettre à l’eau, eau minérale ou eau du robinet peu importe,
mais ce serait de l’eau : et si je me mettais à rouiller
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