Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
verni, couverte de graffitis obscènes et d’insultes, et avons
demandé notre chemin à un guichetier fort peu amène. Le
bureau du juge était à l’étage, dans les combles, au milieu
d’un couloir dont le parquet grinçait aussi fort qu’il sentait
l’encaustique. Nous nous sommes assis sur une banquette,
sans mot dire, en proie à l’inquiétude, pour des raisons
différentes l’un et l’autre. Moi, je craignais de voir ce fils
redevenir un parfait étranger, et lui, de connaître le sort peu
enviable des pupilles de la nation.
Après une demi-heure d’attente, un huissier en robe noire
finit par entrebâiller la porte et nous inviter à entrer d’un
murmure, ce que nous avons fait. Après deux longues
minutes, le juge, derrière son immense bureau, nous a invités
à nous asseoir dans des fauteuils élimés dont l’assise était
bien plus basse que la sienne, ce qui donnait un peu
l’impression d’avoir le cul par terre. Puis, sans attendre, il
s’est mis à lire la procédure, sans que l’on sache très bien si
cela nous concernait ou pas. Pendant ce temps, le greffier
prenait des notes. Je regardais les mouches voler. Marc, lui,
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