Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
— Ça pue ici, a dit l’un des deux mioches.
— C’est vrai qu’ils sentent mauvais, a poursuivi la femme.
Comment est-ce qu’on les entretient ?
— Oh, moyennant un petit supplément, nous pouvons
vous livrer un petit caisson de désinfection qui sert aussi de
niche pour la nuit.
J’étais horrifié. J’ai poussé un long hurlement et tout
autour de moi, les autres occupants des cages se sont mis à
hurler et à ululer.
Je me suis réveillé en sursaut. J’étais en sueur. Un peu
hébété, j’ai promené mon regard dans le wagon. Il y avait là
un groupe de vieux, des touristes, habillés de shorts et de
chemises hawaïennes, et qui criaient au secours à tue-tête. A
terre, une grand-mère venait d’être terrassée par un malaise.
Ses lunettes de soleil étaient de travers sur son nez et elle
respirait à grand peine d’un halètement rauque.
L’un des grands-pères a tiré le signal d’alarme devant moi.
Quelques instants plus tard, l’accordéoniste est venu jouer
« Le téléphone pleure ». La rame s’est arrêtée à la station
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