Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
sous avec des joueurs perchés sur de hauts tabourets, ça
faisait « gling gling gling » « glong glong glong », et le
vacarme et la lumière étaient tels que j’ai vacillé sur mes
jambes, hésitant à mettre pied à terre sur le quai. J’ai fini par
être emporté par le troupeau des touristes du wagon qui ne
semblaient pas comprendre mon hésitation et s’esclaffaient
devant mon air atterré, avant de se précipiter par bandes vers
les casinos les plus proches. Une grosse dame m’a pincé les
côtes en criant « drobolsky ». Ça m’a décidé à quitter la
rame.
Sur le quai, j’ai avancé en titubant, tâchant de chercher un
coin un peu plus calme, à l’abri des bousculades et j’ai dû en
abandonner l’idée. La station était immense et se prolongeait
dans des étages auxquels menaient d’immenses escalators,
comme une sorte de centre commercial géant. Je me suis
demandé si je réussirai à retrouver mon chemin jusqu’au quai
du métro dans le labyrinthe des casinos. A chaque détour de
couloir, des hommes en queue de pie coiffés de hauts de
forme faisaient la retape en brandissant des jetons de couleur.
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