Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
n'attend aucune réponse à cette demande, et puis ça fait parler
et hurler en même temps les victimes. Ils hurlent parce qu'ils
souffrent énormément, et en même temps, pour arrêter de
souffrir, ils tâchent de répondre calmement à cette question
idiote, et que le commandant ne pose que pour se distraire ;
« tu parlé zobitch ». Quelle plaisanterie, la vie, parfois ; un
peu dure, un peu noire, tout de même.
Lilith a un peu pris ses distances avec moi,
considérant qu'elle était dans le camp du plaisir, quand je me
situe dans celui de la douleur. Quelle drôle d'idée de séparer
les choses ainsi de manière arbitraire ; c'est rhétorique,
dialectique, et parfaitement ridicule, je crois bien. De toute
façon, je n'ai plus besoin de son fion pour me faire des
biftons, et améliorer mon ordinaire. J'ai le mien, et le
commandant m'a fait l'honneur de s'y compromettre à
plusieurs reprises, pour me témoigner sa sympathie, à la fin
de ces soirées où nous nous dézinguons à la Brouzna, en
évoquant la France et Paris, sa capitale de rêve, où tout est si
classe.
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