Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
cette heure, dieu et ses ustensiles étaient sous clé ! J’ai donc
prié devant la porte close, au-dessus de laquelle une vierge à
l’enfant, dans une niche grillagée, me bénissait de sa dextre,
et puis j’ai regagné la baleine, en traînant le pas, espérant que
Raymond et Anna seraient déjà partis se coucher. C’était bien
le cas, à mon grand soulagement, et j’ai passé la nuit dans
notre salon-salle-à-manger de plaisance.
Le lendemain, mes deux compagnons de navigation ne
m’ont posé aucune question sur ma soirée de la veille et sur
ma nuit passée à l’écart, ce dont je leur ai été très
reconnaissant. Dans la matinée, voyant que je n’étais toujours
pas plus loquace, ils ont décidé d’aller se promener sur le port
et dans la vieille ville, me prévenant qu’ils ne rentreraient pas
manger le midi. J’allais donc être tranquille jusqu’au soir.
C’est après le déjeuner, vite expédié, que j’ai rejoint la cabine
de pilotage et Nordine, pour voir si je n’avais pas quelque
courrier de Marc. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver
dans ma boite aux lettres un long mail de Lucie :
« Mon amour,
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