Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
Ce fut le cas, et je versai séance tenante le montant de la
caution et du premier loyer au bonhomme, qui la louait pour
une somme modique. Je rentrai à bicyclette à la péniche, et
me décidai finalement à parler à mes compagnons de mes
projets, ainsi que de la prochaine venue de Lucie :
— Ainsi, tu vas nous laisser ? demanda Anna.
— Oui, je crois bien : cette fois-ci, je suis vraiment prêt à
me sédentariser, car je crois que Lucie en vaut vraiment la
peine.
— Et si elle ne parvenait pas à te rester fidèle, malgré ses
promesses ? interrogea Raymond à son tour.
— Bah ! J’ai été tant de fois cocu que je ne sais même plus
à qui je dois toutes ces cornes à mon front ! répondis-je,
bravache.
Bien sûr, en mon for intérieur, je n’étais pas si sûr de
nourrir le même optimisme, ni le même détachement à ce
sujet. Mais je n’avais pas envie de me ronger les sangs non
plus, tellement la lettre de Lucie semblait sincère.
Les jours qui suivirent, je les occupais à commander
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