Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse 1/358

Faux-fuyants et vraies fuites Gilles Josse
Borovnik, qui devait compter dans les quarante mille âmes, et
la résidence de Brigitte Bilitch était à l’opposé, au nord. Il me
fallait donc traverser le centre ville, encombré par les
glisseurs et autres véhicules, à cette heure, ce que je fis, en
suivant le plan que m’avait imprimé Nordine. Je finis par
arriver à destination, face aux grilles d’un grand parc boisé,
au fond duquel trônait une vaste maison bourgeoise, comme
on en construisait au siècle précédent. Je poussai la grille,
notant son grincement et sa peinture écaillée, et m’engageai
dans l’allée gravillonnée ; à coup sûr, il me faudrait la retaper
un jour ou l’autre. Vue de près, la demeure, malgré son
cachet, avait beaucoup moins d’allure, ayant souffert des
offenses du temps ; tous les volets et fenêtres étaient à
repeindre, ce qui représentait un travail considérable.
Je n’eus même pas à actionner la cloche à la porte
d’entrée, que la comtesse venait m’accueillir en personne et
en robe de chambre. Elle avait un maintien de danseuse et
portait sa cinquantaine avec beaucoup d’élégance. Elle me
tendit la main avec un grand sourire :
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