6. Description <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>région</strong> <strong>éthiopienne</strong> 6.1. GENRE SPELAEOPHLEBOTOMUS THEODOR, 1948 Générotype : S. gigas (Par-rot & Schwetz, 1937) Aile avec <strong>la</strong> 40 nervure longitudinale Ml-M2 bifurquant au niveau <strong>de</strong> rm ; pi négatif, gamma positif. Soies dressées sur les tergites abdominaux. Yeux réduits. Pattes, antennes et génitaliamâles très allongées. Pompe génitale du mâle accompagnée <strong>de</strong> 2 baguettes sclétiées. Larve du IVe sta<strong>de</strong> avec <strong>de</strong>s antennes étroites et longues, non ap<strong>la</strong>ties en forme <strong>de</strong> disque. Soies céphaliques et <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s soies du corps, lisses. Le 8e segment <strong>de</strong> l’abdomen présenté une paire <strong>de</strong> soies dorsales supplémentaires (3 bis). Une seule espèce connue, cavernicole. 6.1.1. SPELAEOPHLEBOTOMUS GIGAS (PARROT & SCHWETZ) Rex ZOO~, Bot. Afric., 1937,29 (3), 221-228 Synonymie : Phlebotomus gigas Parrot & Schwetz, 1937. Phlebotomus (Spe<strong>la</strong>eophlebotomus) g&as Theodor, 1948. Spe<strong>la</strong>eophlebotomus gigas Abonnent & Minter, 1965. Localité type : Thysville (Congo Kinshasa), dans une grotte, 4 femelles (toutes gorgées <strong>de</strong> sang) ; VIII-1936 @* J. Schwetz). Matadi, dans une grotte, 1 mâle, 21-IV-1938 (Dr M. Wanson). Holotype au Musée belge du Congo à Tervuren. Matériel examiné : 1 mâle et 1 femelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> grotte <strong>de</strong> Kindia (Guinée) ; 2 mâles, 4 femelles, 1 <strong>la</strong>rve et 1 nymphe <strong>de</strong> <strong>la</strong> grotte <strong>de</strong> Fou<strong>la</strong>kari Matouridi (Congo Brazzaville) ; 1 <strong>la</strong>rve <strong>de</strong> IVe sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> grotte <strong>de</strong> Bitorri (Congo Brazzaville). Mâle (fig. 31 B-C-D-E). Taille = 3,30-3,67 mm. Patte postérieure = 7,17-7,48 mm. Yeux petits, à 35 facettes environ. Antenne, segment III = 1,05-1,12 mm s IV + V ; AID/E = 4,4-4,9. Formule antemraire: 2/III-IX(X), 1/X(X@XV. <strong>Les</strong> épines g&iculées sont longues, grêles, presque filiformes, particulièrement difficiles à voir ; elles sont imp<strong>la</strong>ntées, sur les articles du f<strong>la</strong>gelle, à <strong>de</strong>s hauteurs différentes et qui varient d’un segment à l’autre. Labreépipharynx = 0,21-0,24 mm. Palpe, formule : l-4-2-5-3 ; 5e article plus court que le 3 e. <strong>Les</strong> longueurs <strong>de</strong>s articles sont entre elles comme 1-2, 6-5, 2-2, 2-4, 2. Cibarium inerme ; sur certains exemp<strong>la</strong>ires on peut distinguer quelques spicules épars. Pharynx postérieur allongé environ 2 fois et <strong>de</strong>mie plus <strong>la</strong>rge en arrière qu’en avant, avec, dans sa partie ostérieure, quelques replis anguleux. Aile, longueur = 2,51-2,75 mm; <strong>la</strong>rgeur = O,SO-0,90 mm; indice a<strong>la</strong>ire : 4-5,5 ; &*a = + 0,56-0,65 mm ; pi = - 0,13-0,17 mm.
90 LES PHLÉBOTOMEY DE LA RÉGION ÉTHIOPIENNE Genitalia, coxite = ?,51-$54 mm ; st le = ?,42-0,49 mm, portant 4 épines longues et courbes : une, interne, s’insere un peu au-<strong>de</strong>ssus du point d union du 1 ir 4 proxrmal du segment avec ses 314 distaux ; une postéro-interne, prend son origine sur un fort tubercule vers le pomt d’union <strong>de</strong>s 213 proximaux avec le 113 distal ; une troisième, anténeure, naît un peu au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong> mi-distance entre <strong>la</strong> precé<strong>de</strong>nte et l’apex ; <strong>la</strong> quatriéme est terminale. Il existe en outre, a <strong>la</strong> face antérieure du segment et un peu au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> son milieu, une longue soie rectiligne. Paramére = 0,36-0,38 mm, digitiforme avec un leger renflement basal. Fourreau pénien = 0,18-0,22 mm, subconique, recourbé vers le bas, à pointe mousse. Pompe génitale accompagnée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sclérites paragénitaux disposés en forme <strong>de</strong> V, plus ou moins ouvert en avant. Lobe <strong>la</strong>téral = 0,65-0,72 mm, plus long que le coxite. Femelle (fig. 31 A-F). Taille = 3,21-3,82 mm. Patte postérieure = 8,35-8,69 mm. Yeux petits. Antenne, segment III = l-1,18 mm > IV + V ; AIII/E = 2,3-2,5.; formule antennaire : 2/111-XV. Labre-épipharynx = 0,42-0,48 mm. Palpe, formule : l-4- 2-5-3 ; les longueurs <strong>de</strong>s artrcles sont entre elles comme 1-2, 7-4, 5-1, 8-2,8. Cibarium inerme. Pharynx postérieur globuleux presque 3 fois plus <strong>la</strong>rge en arrière qu’en avant, présentant dans sa partie postérieure quelques replis squamiformes finement <strong>de</strong>nticulés. Aile, longueur = 3,2-3,75 mm ; <strong>la</strong>rgeur = 1,lP1,22 mm ; indice a<strong>la</strong>ire : 4,7-5,3 ; <strong>de</strong>lta = + 0,75- + 0,89 mm ; pi = - 0,24 à - 0,32 mm. Spermathèque non segmentée, en forme d’ampoule allongée asymétrique à <strong>la</strong> base et terminée par un long col étroit, aveugle, sans tête, portant quelques cils et plus fortement chitinisé que l’ampoule. Le conduit basa1 <strong>de</strong> chaque spermathèque n’a pu être mis en évi<strong>de</strong>nce. Sta<strong>de</strong>s préimaginaux (ig. 32-33) : L’œuf2 <strong>la</strong> <strong>la</strong>rve et <strong>la</strong> nymphe <strong>de</strong> S. gigas ont été étudiés et décrits par Vattier-Bernard (1970). L’œuf est en forme d’ellipse allongée, très légèrement incurvée. 11 mesure <strong>de</strong> 0,45 à 0,56 mm <strong>de</strong> longueur ; le chorion présente <strong>de</strong>s granu<strong>la</strong>tions en relief disposées en un réseau <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> cellules poly- gonales très irrégulières. La <strong>la</strong>rve du IVe sta<strong>de</strong> a <strong>de</strong> 4,78 à 5,50 mm <strong>de</strong> longueur sans compter les soies caudales. Elle est caractérisée par <strong>de</strong>s soies entièrement lisses et par <strong>la</strong> présence, sur le 8e segment abdominal, d’une paire <strong>de</strong> soies supplémentaires (3 bis), qui n’existe pas dans le genre Phlebotomus. <strong>Les</strong> antennes sont longues et étroites et non ap<strong>la</strong>ties en forme <strong>de</strong> disque comme celles <strong>de</strong>s Phlebotomus. Répartition géographique : (p. 261) Congo Kinshasa : Grotte <strong>de</strong> Thysville, territoire <strong>de</strong>s Cataractes (Parrot & Schwetz, 1937). Luadi-Soro, ’ près <strong>de</strong> Matadi (Parrot & Wanson, 1938). Trois cavernes du territoire <strong>de</strong>s Cataractes (Leleup, 1949). Cameroun : Grotte d’Akok-Bekue près <strong>de</strong> Mbalmayo (Adam, 1955). Gabon : Grotte <strong>de</strong> Massa (Adam, 1966). R.C.A. :‘ Grotte <strong>de</strong> Mbaiki (Adam, 1966). Guinée : Grotte <strong>de</strong>s Chimpanzés à Kindia (Adam & Bailly-Choumara, 1964). Congo Brazzaville : Grotte <strong>de</strong> Ki<strong>la</strong>-Ntari (Adam, 1960). Grottes <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Mbangou (entre 3030’ et 40 S et entre 14O15’ et 14035’ E) : Matouridi (Vattier-Bernard, 1963), Meya-Nzouari et Mpassa (Adam, 1961) ; Meya II et Mvounda (Adam & coll., 1964) ; Bitorri (Adam & Vattier, 1964) ; Ma<strong>la</strong><strong>la</strong> II et Bimbi (Vattier, 1967-68) ; Mpoka, Bernard, Nzao, Meya III et Paul (Vattier, 1967). Ecologie (d’après Vattier-Bernard, 1970) : S. gigas habite dans <strong>de</strong>s grottes creusées dans <strong>de</strong>s terrains schiste-calcaires, auxquels les géologues attribuent un âge très ancien. Presque toutes ces grottes se situent sur un vaste ensemble <strong>de</strong> collines cou- vertes <strong>de</strong> savanes, en bordure <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Mbangou (Congo Brazzaville) et appartenant au réseau hydro- graphique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Louolo, affluent du Niari. Elles sont très diverses quant à leurs dimensions et <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> leur popu<strong>la</strong>tion phlébotomienne. <strong>Les</strong> facteurs climatiques <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> ces grottes ont été étudiés. La température <strong>de</strong> l’air (24,5 OC f 1/20) s’est révelé remarquablement constante ; elle peut cependant varier selon l’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s grottes (Heuts & Leleup, 1954). L’humidité re<strong>la</strong>tive varie <strong>de</strong> 96 à 100x, mais peut <strong>de</strong>scendre à 91-92x en certaine saison sèche particulièrement sévère. A l’exception <strong>de</strong> quelques grottes peu profon<strong>de</strong>s, l’obscurité est totale dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s gîtes à S. gigas. Ce phlébotome semble cependant pouvoir vivre en <strong>de</strong>s zones semi-obscures. Aucun courant d’air n’existe là oh vivent les Phlébotomes. <strong>Les</strong> sources <strong>de</strong> nourriture sont abondantes aussi bien pour les imagos que pour les <strong>la</strong>rves ; les premiers vivent au dépens d’importantes colonies <strong>de</strong> chauve-souris ; les secon<strong>de</strong>s trouvent sur le sol une masse importante d’aliments d’origine variée (déjections <strong>de</strong> Microchiroptères insectivores, dépôts <strong>de</strong> guano <strong>de</strong> Mégachiroptères frugivores et débris végétaux amenés par les crues). Apparemment, les <strong>la</strong>rves <strong>de</strong> S. gigas ne s’enfoncent pas dans le sol comme celles <strong>de</strong> P. mirabiIis, mais restent à <strong>la</strong> surface du substrat (sol ou rocher) pauvre en matière organique, sur lequel elles mènent une vie errante en quête <strong>de</strong> nourriture.