LECTURE ANALYTIQUE (textеs des écrivains français du XIXe siècle)

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Charmolue resta stupéfait, el les bourreaux, et toute l’escorte. En effet, dans l’enceinte de Notre-Dame, la condamnée était inviolable. La cathédrale était un lieu de refuge. Toute justice humaine expirait, sur le seuil. Quasimodo s’était arrêté sous le grand portail. Ses larges pieds semblaient aussi solides sur le pavé de l’église que les lourds piliers romans. Sa grosse tête chevelue s’enfonçait dans ses épaules comme celle des lions qui eux aussi ont une crinière et pas de cou. Il tenait la jeune fille toute palpitante suspendue à ses mains calleuses comme une draperie blanche: mais il la portait avec tant de précaution qu’il paraissait craindre de la briser ou de la faner. On eût dit qu’il sentait, que c’était une chose délicate, exquise et précieuse, faite pour d’autres mains que les siennes. Par moments, il avait l’air de n’oser la toucher, même du souffle. Puis, tout à coup il la serrait avec étreinte dans ses bras, sur sa poitrine anguleuse, comme son bien, comme son trésor, comme eût fait la mère de cette enfant; son œil de gnome, abaissé sur elle, l’inondait de tendresse, de douleur et de pitié, et se relevait subitement, plein d’éclairs. Alors les femmes riaient et pleuraient, la foule trépignait d’enthousiasme, car en ce moment-là Quasimodo avait vraiment sa beauté. Il était beau, lui, cet orphelin, cet enfant trouvé, ce rebut. Il se sentait robuste et fort, il regardait en face cette société dont il était banni, et dans laquelle il intervenait si puissament, cette justice humaine à laquelle il avait arraché sa proie, tous ces tigres forcés de mâcher à vide, ces sbires, ces juges, ces bourreaux, toute cette force du roi qu’il venait de briser, lui infime, avec la force de Dieu. Et puis c’était une chose touchante que cette protection tombée d’un être difforme sur un être si malheureux, qu’une condamnée à mort sauvée par Quasimodo. C’étaient, les deux misères extrêmes de la nature et de la société qui se touchaient et qui s’entr’aidaient. Cependant, après quelques minutes de triomphe, Quasimodo s’était brusquement enfoncé dans l’église avec son fardeau. Le peuple amoureux de toute prouesse, le cherchait des yeux sous la sombre nef, regrettant qu’il se fût si vite dérobé à ses acclamations. Tout à coup on le vit reparaître à l’une des extrémités de la galerie de rois de France, il la traversa eu courant comme un insensé, en élevant sa conquête dans ses bras, et en criant: «Asile!» La foule éclata de nouveau en applaudissements. La galerie parcourue, il se replongea dans l’intérieur de l’église. Un moment après il reparut, sur la plateforme supérieure, toujours l’Egyptienne dans ses bras, toujours courant avec folie, toujours criant: «Asile!» Et la foule applaudissait. Enfin, il fit une troisième apparition sur le sommet de la tour du bourdon; de là il sembla montrer avec orgueil à toute la ville celle qu’il avait sauvée, et sa voix tonnante, cette voix qu’on entendait si rarement et qu’il n’entendait jamais, répéta trois fois avec frénésie jusque dans les nuages: «Asile!asile! asile!» – Noël! Noël! Criait le peuple de son côté, et cette immense acclamation allait étonner sur l’autre rive la foule de la Grève et la recluse qui attendait toujours, l’oeil fixé sur le gibet. 14
alloter – качаться, сотрясаться hormis sa pudeur – кроме стыдливости rompre – разрывать, ломать une stupeur – изумление, оцепенение rebondir – вспыхивать, подскакивать des cahots – толчок, тряска morne – угрюмый, тусклый lugubre – мрачный, скорбный, заунывный accablée – удрученная, подавленная un parvis – паперть un tombereau – тележка une anxiété – тоска, тревога, беспокойство un gond – крюк grincer – скрипеть, скрежетать un fifre – дудка un maitre-autel – главный алтарь une abside – абсида (архитек.) une nef – неф (внутренняя часть храма) des stalles – скамьи un recueillement – сосредоточение des entrailles – утроба, внутренности des cierges – восковые свечи Lexique à retenir 15 la hallebarde – алебарда des suisses (bariolés) – швейцарцы un dalmatique – стихарь (религ.) un sous-chantre – подпевчий une ogive – стрельчатый свод (архитек.) une chape – мантия, облачение священника sépulcrales – надгробные glapissant (-e) – визгливый un greffier – секретарь суда une teneur – содержание engourdi (-e) – онемевший un manquement – грех, прегрешение dénoncer – доносить, разоблачать une malédiction – проклятие un clapotement – зыбь un arceau – арка une hampe – древко un entrecolonnement – расстояние между колоннами un fagot – вязанка хвороста dédaigneuse – пренебрежительная s’eclipser – поспешно скрыться V. Etude du texte. 1. Trouvez les traits du romantisme dans le fragment. 2. En combien de parties peut-t-on diviser le texte? Dégagez l’idée maîtresse de chaque partie. Intitulez-les. Nommez les thèmes qui ressortent du texte. 3. Pourquoi Hugo recourt-il au lexique de religion et d’architecture? 4. Faites le champ lexical du mot «l’église». 5. Comment l’auteur présente-t-il le personnage central? Grace à quoi Hugo réussit-il à créer un tableau si fascinant? 6. Quels sont les mots qui évoquent la religion et l’enfer? 7. Quels sont les mots qui signifient: a) vierge; b) bien-aimée; c) bohémienne; d) choses admirables, étonnantes; e) assassin, coupable. 8. Trouvez des contrastes et des antithèses dans le fragment. 9. Trouvez les cas de la gradation progressive. 10. Relevez le lexique qui sert à caractériser l’état moral et physique de la bohémienne.
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