LECTURE ANALYTIQUE (textеs des écrivains français du XIXe siècle)

d’un monde où il ne se passe plus rien, où les événements attendus et rêvés ne se
produisent pas. Bien plus, l’événement n’est pas montré mais suggéré
indirectement par la description. Avec Flaubert le dialogue cesse de jouer le rôle
qui était le sien. Dans l’univers flaubertien, le langage est désindividualisé,
simple parole sociale qui véhicule les stéréotypes sociaux.
Ecrire est devenu décrire. Décrire pour Flaubert, c’est rendre compte d’une
impression, le perçu s’effaçant sous la perception. Ainsi alternent dans le roman
la description maniaque et objective, menée par un narrateur omniscient, et la
description subjective menée du point de vue de la conscience d’un des
protagonistes. Cette duplicité correspondant au conflit qui oppose la laideur du
réel et l’intériorité rêveuse de personnages qui cherchent à la surmonter. La
réalité se trouve de la sorte constamment filtrée, déformée, recréée au gré des
fluctuations de la conscience. Parce qu’il cherche moins à restituer la réalité que
la perception toujours fragmentaire, hallucinée de celle-ci, le réalisme
flaubertien est un impressionnisme.
L’ironie travaille secrètement l’univers flaubertien. Elle naît d’un décalage
perpétuel entre l’événement attendu, désiré et l’événement survenu. Et quand,
par hasard, ou plutôt par ironie du sort, l’événement espéré survient, il déçoit.
L’insatisfaction, la répétition morne des jours, la laideur des choses
dénoncent l’insignifiance du monde. Réalisme paradoxal, qui tout en obéissant
aux principes de l’esthétique réaliste (recours au document vrai, souci
d’exactitude, impartialité) débouche pourtant sur une déconstruction du réel
qu’il cherche à reproduire. Nihilisme qui conduit Flaubert à inverser les rapports
traditionnels que le réalisme établissait entre le réel et l’oeuvre. Au lieu de poser
la réalité comme la référence que le roman devait reproduire, il détruit cette
dernière pour faire de l’oeuvre la seule réalité. Aussi le roman flaubertien est-il
un roman où il ne se passe rien, mais où le style est tout, l’écriture primant la
représentation de la réalité. Plus haut que la vie, il y a donc la beauté, qui sauve
de la médiocrité et de l’insignifiance. L’impartialité n’est pas le signe d’un
mépris mais la condition requise pour une authentique participation à la vie
universelle. De là le nécessaire et douloureux oubli de soi qu’exige du créateur
la création artistique.
III. Lisez le résumé du roman «Salammbô».
Salammbô
Le festin offert aux mercenaires de Carthage par Hamilcar Barca, chef de
l’armée punique. Mais, furieux de ne pas être payés, ceux-ci pillent le domaine
d’Hamilcar. Redoutant la puissance de cette armée inactive, Carthage convainc
les mercenaires de quitter la ville contre la promesse de régler leur solde. La
nouvelle du meurtre d’un groupe de leurs compagnons demeurés isolés dans la
cité déclenche la colère des barbares. Conseillé par Spendius, ancien esclave,
Mâtho le Libyen prend la tête de l’armée et marche sur Carthage. La ville
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