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DE LA RECONFIGURATION DES SERVICES DE SANTÉ MENTALE ...

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Le phénomène de la porte tournante a tellement pris de l'ampleur vers le milieu des années<br />

1970, qu'il incite le gouvernement à agir. Le Ministère de la Santé et des Services sociaux se<br />

penche alors sur le dossier de santé mentale et commence à constater les ratés du processus<br />

de désinstitutionnalisation.<br />

Premièrement, on se rend compte qu'il y a pénurie de services et de programmes devant<br />

fournir un soutien aux personnes malades mentales qui sont retournées ou qui vivent dans la<br />

communauté. De fait, ce qui fut développé ce sont des services rattachés au secteur<br />

hospitalier (départements de psychiatrie, cliniques externes, ressources intermédiaires)<br />

absorbant, avec les hôpitaux psychiatriques, environ 85 % des budgets alloués en santé<br />

mentale. Cette extension se comprend dans la mesure où il y avait des groupes d'intérêts<br />

pour en assurer le développement, car ce point d'ancrage a permis à la psychiatrie de se<br />

déployer sous le giron de la médecine biologique, la plus valorisée, ce qui lui conféra<br />

pouvoir, prestige et reconnaissance sociale.<br />

Deuxièmement, on s'interroge sur la capacité d'accueil et d'acceptation de la communauté<br />

envers les personnes présentant des problèmes psychiatriques. Le Ministère va ainsi sonder<br />

le terrain de la tolérance des Québécois à l'égard de la maladie mentale (Langlois, 1975;<br />

Melanson-Ouellette, 1980). Par ailleurs, dès 1981, le Comité de la santé mentale du Québec<br />

soumet au Ministère un avis concernant un programme d'information de masse en santé<br />

mentale en vue de sensibiliser la population à la santé mentale.<br />

Ce début de réflexion du Ministère apporta quelques modifications dans la première moitié<br />

des années 1980. On vit apparaître quelques programmes visant la formation des personnes<br />

en charge des résidences d'accueil et la mise sur pied de projets (appel téléphonique) visant à<br />

inciter les personnes à respecter leur rendez-vous en clinique externe («follow-up»). Il y a eu<br />

aussi création de nouvelles ressources intermédiaires 27 . De plus, on note au sein du<br />

gouvernement du Québec un début d'intérêt pour les services offerts par des groupes<br />

communautaires oeuvrant dans le champ de la santé mentale. Cet intérêt va se traduire par<br />

leur financement (White, 1993). Les budgets accordés aux ressources communautaires sont<br />

toutefois dérisoires. Par exemple, en 1984-1985, à Montréal, «61,8 % du budget allait aux<br />

hôpitaux psychiatriques, 22,3 % aux hôpitaux de courte durée, 2,9 % aux C.L.S.C., et<br />

seulement 2,5 % au secteur des ressources communautaires. (Poirier et Gagné, 1988, p. 141)»<br />

Les aspects positifs de la désinstitutionnalisation ont été longtemps ignorés. Prenant le<br />

contre-pied de l'idéologie asilaire encore dominante, ce document les a reconnus en début de<br />

ce chapitre. Il faudrait en ce cas qu'un son de cloche plus positif soit entendu, ne serait-ce<br />

qu'occasionnellement (Vaillancourt et Jetté, 1997). Mais les ratés du mouvement de<br />

désinstitutionnalisation n'en continuent pas moins de se manifester pendant que le Ministère<br />

poursuit sa réflexion sur l'organisation du système de santé dans le but de formuler une<br />

politique en santé mentale (1989).<br />

27. Ces ressources ont été établies dans la perspective d'assurer la continuité des soins aux patients qui quittent l'hôpital. La continuité des<br />

soins qu'elles doivent assurer se restreint, selon plusieurs chercheurs, à l'hébergement et la médication. On n'a ainsi que déplacé le lieu de<br />

l'institutionnalisation, passant d'établissements gigantesques à des lieux plus petits. Les chercheurs font référence à ce phénomène<br />

comme étant de la transinstitutionnalisation.<br />

Défis de la reconfiguration des services de santé mentale

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