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DE LA RECONFIGURATION DES SERVICES DE SANTÉ MENTALE ...

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administrés à domicile [par les personnes elles-mêmes, des proches ou encore des<br />

infirmières] ou en cliniques externes.»<br />

Ces progrès dans les pratiques médico-hospitalières ont introduit une nouvelle norme du<br />

nombre de lits requis par 1 000 habitants. Cette norme se situerait autour de 2,5 lits selon le<br />

Conseil de la santé et du bien-être (cité par Larivière, 1996). A l'heure actuelle, on note que tous<br />

les gouvernements des pays développés sont aux prises avec une crise financière dans les<br />

dépenses publiques et révisent à la baisse le nombre de lits nécessaires pour leurs citoyens.<br />

Au Québec, cette réduction s'impose aussi dans le secteur de la santé mentale qui, rappelonsle,<br />

a déjà amorcé un tel virage depuis les années 1960. Toutefois, le Ministère a constaté qu'il<br />

y avait un écart important du nombre de lits disponibles pour 1 000 habitants au Québec<br />

comparativement à l'Ontario. Turgeon (1991) signalait ainsi qu'en 1987, le Québec comptait<br />

0,55 lit de courte durée psychiatrique par 1 000 habitants alors que l'Ontario en avait 0,30 par<br />

1 000 habitants. De plus, si l'on tient compte à la fois des lits psychiatriques de longue et de<br />

courte durée, le Québec disposait en 1993 de 1,0 lit par 1 000 habitants alors que l'Ontario<br />

n'en comptait que 0,58 par 1 000 habitants en 1992 (Breton et al., 1995). Il n'en fallait pas<br />

davantage pour que certains, au ministère de la Santé et des Services sociaux, entrevoient la<br />

possibilité d'une diminution du nombre de lits psychiatriques au Québec.<br />

Par contre, si la fermeture de lits en santé physique s'appuie en grande partie sur les<br />

nouvelles technologies médicales qui permettent la résolution plus rapide des pathologies et<br />

handicaps physiques, dans le secteur de la santé mentale, la désinstitutionnalisation ne se<br />

pose pas dans les mêmes termes.<br />

«Le virage ambulatoire en santé mentale est essentiellement dû à l'évolution des<br />

connaissances et des pratiques cliniques au niveau pharmacologique [...] c'est dire le rôle joué<br />

par les établissements hospitaliers» soutient l'Association des hôpitaux du Québec (1996, p.7).<br />

Or, si la pharmacologie a pu faciliter la désinstitutionnalisation de la première vague, dans la<br />

seconde vague, on reproche justement à la psychiatrie institutionnelle de s'être restreinte à<br />

une pharmacothérapie qui n'a pas donné de résultats satisfaisants. Pour plusieurs –<br />

psychiatres, psychologues, sociologues, groupes alternatifs – cette pratique de la psychiatrie<br />

a amplement fait ses preuves, puisque toute la pharmacopée utilisée depuis les années 1950<br />

n'a apporté aucune guérison 30 . La médication apaise les symptômes aigus de la maladie<br />

mentale, elle ne guérit pas grand chose. De plus, ces médicaments comportent des effets<br />

secondaires que l'on tente de contrôler en ajoutant aux prescriptions initiales d'autres<br />

médicaments qui ont aussi des effets secondaires :<br />

«La médication constitue une barrière presque infranchissable pour la<br />

réinsertion : elle diminue souvent les facultés cognitives des sujets et leurs<br />

capacités motrices, elle les rend moins communicatifs, plus distants, souvent<br />

endormis. Dans de telles conditions, il est bien difficile de rebâtir un réseau<br />

social, de chercher du boulot, de participer à des activités communautaires en<br />

dehors des milieux psychiatriques.» (Poirier et Gagné, 1988, p. 139)<br />

30. Ce que l'on déplore, ce n'est pas tant l'utilisation de médicaments en psychiatrie que leur surutilisation et le fait que la psychiatrie<br />

institutionnelle s'y restreigne et néglige totalement la relation d'aide, d'écoute et d'intervention sur le plan social (Cohen et al., 1996; Cohen, 1996;<br />

Nadeau, 1996; Poirier et Gagné, 1988; Stein, 1996).<br />

Défis de la reconfiguration des services de santé mentale

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