Emballage - FOOD MAGAZINE
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à certains achats car les industriels ne<br />
seront pas prêts à produire au-delà d’un<br />
certains niveau de cours, puisqu’ils ne<br />
peuvent pas répercuter toutes les hausses<br />
», explique Samir Lahlou, Directeur<br />
Commercial de Comaner.<br />
Enfin, chez les fabricants d’emballage,<br />
l’heure est tout aussi difficile. « Ce qui<br />
se passe aujourd’hui est beaucoup plus<br />
violent qu’en 2008. Le cours du PET<br />
n’a jamais été aussi haut dans l’histoire.<br />
Outre la spéculation, la crise de 2008<br />
a provoqué la fermeture de beaucoup<br />
d’usines en Europe, et aujourd’hui<br />
l’offre n’a pas repris aussi vite que la<br />
demande », analyse Mohamed Lahlou,<br />
Directeur Général Délégué de CMB<br />
Plastique.<br />
Une matière chère…<br />
et difficile d’accès<br />
Et au-delà du prix, c’est l’accès même<br />
aux matières premières qui pose problème.<br />
Prenons l’exemple du cacao, dont<br />
l’envolée des prix s’est encore accrue<br />
du fait des tensions politiques en Côte<br />
d’Ivoire, pays qui représente plus de<br />
30% de la production mondiale :<br />
« aujourd’hui, on ne trouve plus de<br />
cacao à acheter », explique Amine<br />
Berrada, également Directeur Général<br />
d’Aiguebelle. Et c’est la même chose<br />
pour les huiles, le sucre, etc. « Effectivement,<br />
il y a peu de disponibilité sur les<br />
marchés malgré la hausse de certaines<br />
productions, pour deux principales<br />
raisons : la spéculation des fonds finan-<br />
Indice des prix alimentaires<br />
Base 100 = 2002 - 2004<br />
(Source : FAO)<br />
ciers, qui trouvent plus de rentabilité<br />
sur les matières premières que sur les<br />
marchés financiers, et la hausse de la<br />
consommation dans certaines zones :<br />
Chine, Amérique latine », confirme Samir<br />
Lahlou. Ainsi donc, « la problématique<br />
n’est pas seulement la hausse des<br />
prix, mais l’accès à la matière. Je pense<br />
que cet accès sera le challenge du 21 ème<br />
siècle pour les industriels, en particulier<br />
dans les pays en développement »,<br />
ajoute M. Berrada. Seules les grandes<br />
entreprises qui ont des contrats à terme<br />
et stockent de grandes quantités peuvent<br />
se mettre relativement à l’abri des<br />
instabilités du marché. Pour les autres,<br />
notamment dans les pays du Sud, l’accès<br />
sera limité et les prix en conséquence.<br />
« En tant qu’acteur local, nous n’avons<br />
pas le poids pour négocier, donc nous<br />
subissons », déplore un industriel.<br />
Quelles solutions ?<br />
Selon le Directeur de la FAO, « la<br />
hausse et la volatilité des prix vont<br />
continuer dans les années à venir si on<br />
ne s’attaque pas aux causes profondes<br />
du déséquilibre du système agricole<br />
international. On continue encore et<br />
toujours de réagir à la conjoncture.<br />
Nous ne faisons que gérer les crises<br />
alors qu’une action structurelle est<br />
indispensable. » Les causes de cette<br />
situation sont pourtant bien connues :<br />
faiblesse des investissements publics<br />
et privés dans l’agriculture des pays en<br />
voie de développement, freins au libre<br />
commerce international (subventions,<br />
obstacles techniques …), détournement<br />
des céréales vers les biocarburants et enfin<br />
spéculation sur les marchés à terme,<br />
pour lesquels tout un chacun appelle à<br />
un cadre réglementaire. Ainsi, pour M.<br />
Leuwenkroon, « rien ne justifie en 2010<br />
une telle inflation du café puisque la plupart<br />
des récoltes étaient bonnes. Il serait<br />
temps de réguler l’aspect spéculatif sur<br />
les matières premières, qui ne peut que<br />
développer la misère. »<br />
Du côté des organisations professionnelles<br />
marocaines, une solution, depuis<br />
longtemps demandée, est la suppression<br />
des droits de douane sur les matières<br />
premières. Outre l’effet immédiat sur le<br />
prix de revient, elle permettrait également<br />
une amélioration de la compétitivité<br />
des entreprises nationales vis-à-vis<br />
des produits finis importés, qui bénéficient<br />
d’exonérations totales dans le cadre<br />
des différents accords de libre échange.<br />
Aujourd’hui, la filière céréales a obtenu<br />
une baisse des droits de douane à titre<br />
provisoire sur le blé tendre et le blé dur,<br />
mais « nous demandons des baisses<br />
permanentes sur certaines matières<br />
premières, de manière concertée avec<br />
les différents ministères concernées »,<br />
affirme Amine Berrada. La conjoncture<br />
actuelle rendra-t-elle cette revendication<br />
de longue date plus audible auprès des<br />
pouvoirs publics ? C’est en tout cas ce<br />
que les professionnels espèrent… Ramadan<br />
sera bientôt là, et les reports d’achats<br />
ne pourront pas continuer longtemps.<br />
Indice des prix alimentaires par produit<br />
Base 100 = 2002 - 2004<br />
<strong>FOOD</strong> <strong>MAGAZINE</strong> - N° 30 / Du 15 Fév. au 15 Mars 2011 43