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L'idée de la chute dans l'Anthologie du portrait de Cioran

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Mais ce terme, tout comme les conventions <strong>de</strong>scriptives <strong>du</strong> mé<strong>la</strong>ncolique <strong>du</strong> XVIIIe<br />

siècle, est absent <strong>de</strong> L'Anthologie <strong>du</strong> <strong>portrait</strong>. Toutefois, les <strong>de</strong>scriptions contenues <strong>dans</strong> plusieurs<br />

<strong>portrait</strong>s se trouvent coïnci<strong>de</strong>r avec l'image <strong>du</strong> mé<strong>la</strong>ncolique véhiculée au Moyen-Age. Le<br />

mé<strong>la</strong>ncolique est, à cette époque, parfois décrit comme un être sale, sentant mauvais, à l'activité<br />

sexuelle anormale, par <strong>la</strong> faute <strong>de</strong> <strong>la</strong> bile noire qu'il sécrète en trop gran<strong>de</strong> quantité. Or il se trouve<br />

que ces défauts sont <strong>la</strong> malédiction naturelle, <strong>la</strong> tare physique <strong>de</strong> nature, <strong>de</strong> quelques <strong>portrait</strong>urés <strong>de</strong><br />

<strong>l'Anthologie</strong> <strong>du</strong> <strong>portrait</strong>.<br />

Par exemple, Le Pelletier <strong>dans</strong> le <strong>portrait</strong> <strong>de</strong> Mme Vigée Le Brun sent naturellement<br />

mauvais :<br />

M.Le Pelletier avait <strong>de</strong> fatales infirmités qu'il ne <strong>de</strong>vait pas à son âge avancé, mais à une<br />

malheureuse nature : il était obligé <strong>de</strong> tenir sans cesse <strong>dans</strong> sa bouche <strong>de</strong>s pastilles odorantes et<br />

<strong>de</strong> se gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> parler aux gens <strong>de</strong> fort près. Il prenait plusieurs bains <strong>de</strong> pieds <strong>dans</strong> le jour, il en<br />

prenait même <strong>la</strong> nuit et portait constamment <strong>de</strong>ux paires <strong>de</strong> souliers à doubles semelles. Tant <strong>de</strong><br />

précautions n'empêchaient point qu'il ne fût impossible <strong>de</strong> rester près <strong>de</strong> lui <strong>dans</strong> une voiture<br />

fermée. (A, pp 145-146).<br />

B<strong>la</strong>nqui et Barbès, sous <strong>la</strong> plume <strong>de</strong> Tocqueville, font également penser à <strong>la</strong><br />

représentation médiévale <strong>du</strong> mé<strong>la</strong>ncolique comme un être sale. B<strong>la</strong>nqui « semb<strong>la</strong>it avoir vécu <strong>dans</strong><br />

un égout et en sortir », et il avait « <strong>de</strong>s joues hâves et flétries, <strong>de</strong>s lèvres b<strong>la</strong>nches, l'air ma<strong>la</strong><strong>de</strong>,<br />

méchant et immon<strong>de</strong>, une pâleur sale, l'aspect d'un corps moisi, (...) <strong>de</strong>s membres grêles et<br />

décharnés. » (A, p.275). La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> Barbès également évoque <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, par sa « pâleur<br />

livi<strong>de</strong> » (A, p.276), qui s'oppose à l'être mé<strong>la</strong>ncolique habituellement décrit comme noirâtre au<br />

moyen-âge.<br />

C'est enfin une sexualité déréglée qui est le fait <strong>du</strong> mé<strong>la</strong>ncolique selon une<br />

représentation <strong>du</strong> Moyen-Age. Plusieurs <strong>portrait</strong>urés sont concernés. Ainsi, le Régent est un<br />

débauché ma<strong>la</strong>dif : « il s'accoutuma à <strong>la</strong> débauche, plus encore au bruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> débauche jusqu'à

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