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L'idée de la chute dans l'Anthologie du portrait de Cioran

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espérances diminuaient, sa santé s'altérait et elle a fini par mourir <strong>de</strong> chagrin <strong>la</strong> troisième année <strong>de</strong><br />

son exil. » (A, p.250).<br />

Custine, lui, est décrit comme un « gentilhomme déchu » ou encore comme un « paria<br />

social » (A, p.261), c'est à dire qu'il se définit par sa déchéance et ce rejet <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>. Mais l'inverse<br />

est aussi donné à lire <strong>dans</strong> <strong>l'Anthologie</strong> <strong>du</strong> <strong>portrait</strong>, puisque Talleyrand selon Chateaubriand fuit<br />

loin <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> : « Sachant ce qui lui manquait, il se dérobait à quiconque le pouvait connaître » (A,<br />

p.173). S'il ne se définit pas par l'exclusion dont il est victime, aux yeux <strong>de</strong> Chateaubriand,<br />

Talleyrand aussi se définit par sa déchéance : « Otez <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Talleyrand le grand seigneur avili, le<br />

prêtre marié, l'évêque dégradé, que lui reste-t-il ? Sa réputation et ses succès ont tenu à ces trois<br />

dépravations. » (A, p.178).<br />

La déchéance par l'exclusion sociale s'explique ainsi par <strong>de</strong>s défauts incapacitants dont<br />

souffrent les <strong>portrait</strong>urés <strong>de</strong> <strong>l'Anthologie</strong> <strong>du</strong> <strong>portrait</strong>.<br />

C'est d'abord <strong>la</strong> mé<strong>la</strong>ncolie <strong>de</strong> Chateaubriand : « Un fond d'ennui qui semble avoir pour<br />

réservoir l'espace immense qui est vacant entre lui-même et ses pensées exige perpétuellement <strong>de</strong><br />

lui <strong>de</strong>s distractions qu'aucune occupation, aucune société ne lui fourniront jamais à son gré, et<br />

auxquelles aucune fortune ne pourrait suffire s'il ne <strong>de</strong>venait tôt ou tard sage et réglé. » (A, p.190)<br />

C'est aussi <strong>la</strong> fatigue <strong>de</strong> Benjamin Constant et son vieillissement, évoquées par Charles<br />

<strong>de</strong> Rémusat <strong>dans</strong> son <strong>portrait</strong> :<br />

Quand je l'ai connu, vieilli, b<strong>la</strong>sé, Constant se répétait à loisir, il ne se donnait plus <strong>la</strong> peine <strong>de</strong><br />

rien penser <strong>de</strong> nouveau. Il était, à <strong>la</strong> lettre, épuisé. (...) « C'est une catin, disait Barante, qui a été<br />

jolie et qui finit ses jours à l'hôpital. » (A, p.204)<br />

C'est encore le bégaiement, souligné par Saint-Simon dont est victime l'abbé Dubois :<br />

« Il aurait parlé avec grâce et facilité si, <strong>dans</strong> le <strong>de</strong>ssein <strong>de</strong> pénétrer les autres en par<strong>la</strong>nt, <strong>la</strong> crainte<br />

<strong>de</strong> s'avancer plus qu'il ne vou<strong>la</strong>it ne l'avait accoutumé à un bégaiement factice qui le déparait, et qui,<br />

redoublé quand il fut arrivé à se mêler <strong>de</strong> choses importantes, <strong>de</strong>vint insupportable, et quelque fois

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