Haïti: les chemins de la transition - Small Arms Survey
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munitions, <strong>de</strong>s uniformes <strong>de</strong> police et du matériel ont également disparu<br />
pendant tout le début <strong>de</strong> l’année 2004. Des efforts sont en cours pour assurer<br />
une nouvelle formation aux agents <strong>de</strong> <strong>la</strong> PNH, rétablir <strong>les</strong> infrastructures et<br />
remettre en p<strong>la</strong>ce une administration et une infrastructure pénitentiaires<br />
fonctionnel<strong>les</strong>. Mais il faut plus longtemps que prévu pour former une police<br />
légitime et crédible; et l’on craint souvent que <strong>la</strong> PNH ne <strong>de</strong>vienne elle-même<br />
<strong>de</strong> plus en plus une source <strong>de</strong> violence criminelle plutôt qu’une institution<br />
luttant efficacement contre le crime et garantissant <strong>la</strong> sécurité publique.<br />
Les précé<strong>de</strong>nts efforts <strong>de</strong> désarmement, <strong>de</strong> démobilisation et <strong>de</strong> réinsertion<br />
<strong>de</strong>s groupes armés n’ont eu qu’un succès limité. Moins <strong>de</strong> 4 265 armes ont été<br />
récupérées dans le cadre <strong>de</strong> remises volontaires <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années<br />
1990. Bien qu’un nombre important en ait été collecté par <strong>les</strong> Marines américains<br />
au milieu <strong>de</strong>s années 1990, moins <strong>de</strong> 2 500 (soit moins <strong>de</strong> 12 %) ont été<br />
détruites. Des efforts concertés pour désarmer <strong>les</strong> divers groupes ont commencé<br />
avec l’intervention américaine <strong>de</strong> 1994 et se sont poursuivis jusqu’à présent.<br />
Ils se sont concentrés sur le “rachat” d’armes, <strong>la</strong> fourniture <strong>de</strong> crédits <strong>de</strong> <strong>transition</strong><br />
<strong>de</strong> courte durée, avec un suivi limité. La plupart se sont bornés à <strong>la</strong><br />
collecte <strong>de</strong>s armes, sans aucune extension vers <strong>la</strong> réconciliation, <strong>la</strong> lutte contre<br />
<strong>la</strong> violence et <strong>la</strong> restauration <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix. Pratiquement tous <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> désarmement<br />
ont échoué en Haïti. Peu d’armes ont été récupérées ou détruites, et<br />
<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s armes restantes ont finalement été redistribuées dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />
Bien que <strong>les</strong> gouvernements haïtiens précé<strong>de</strong>nts aient soutenu diverses<br />
conventions sur le désarmement aux Nations Unies et par le canal <strong>de</strong> l’OEA,<br />
<strong>les</strong> instruments normatifs internationaux correspondants ont été signés, mais<br />
ne sont toujours pas ratifiés.<br />
La mise en œuvre du DDR <strong>de</strong>s FADH est une priorité: bien que quelque 4 800<br />
soldats haïtiens aient été démobilisés par le Bureau d’Initiatives <strong>de</strong> Transition<br />
<strong>de</strong> l’Agence américaine pour l’ai<strong>de</strong> au développement (USAID-OTI) et<br />
l’Organisation Internationale pour <strong>les</strong> Migrations (OIM) au milieu <strong>de</strong>s années<br />
90, nombreux sont <strong>les</strong> membres <strong>de</strong>s Forces armées d’Haïti (FADH) qui continuent<br />
<strong>de</strong> jouir d’une légitimité constitutionnelle <strong>de</strong> jure et restent <strong>de</strong> facto présents<br />
dans l’ensemble du pays. Leur influence semble s’être même accrue, en particulier<br />
dans <strong>les</strong> parties du pays où l’autorité <strong>de</strong> l’État reste limitée. La collusion<br />
apparente entre le gouvernement <strong>de</strong> <strong>transition</strong> et <strong>les</strong> cadres <strong>de</strong>s FADH semble<br />
avoir engendré le désir croissant <strong>de</strong> restaurer une force <strong>de</strong> sécurité ou force<br />
auxiliaire composée d’anciens soldats. Les conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconstitution<br />
d’une telle armée sur <strong>la</strong> sécurité humaine et nationale <strong>de</strong>meurent difficilement<br />
prédictib<strong>les</strong>.<br />
Les récentes campagnes <strong>de</strong> désarmement ont été bien moins efficaces qu’on<br />
ne l’avait espéré. Entre mars et octobre 2004, <strong>la</strong> Force d’intervention multinationale<br />
(MIF) et <strong>la</strong> MINUSTAH ont récupéré 200 armes environ. Malgré <strong>de</strong>s<br />
campagnes <strong>de</strong> désarmement forcé, <strong>la</strong> création <strong>de</strong> postes <strong>de</strong> contrôle et divers<br />
programmes non coercitifs, le gouvernement <strong>de</strong> <strong>transition</strong> et <strong>les</strong> Nations Unies<br />
ne sont pas parvenus à ponctionner <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités d’armes légères. Ont<br />
été collectées <strong>de</strong>s armes lour<strong>de</strong>s automatiques et semi-automatiques, ainsi<br />
que <strong>de</strong>s pistolets et <strong>de</strong>s munitions. La plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ce matériel (60 %<br />
environ) a été remise à <strong>la</strong> PNH; le reste a été restitué aux propriétaires ou détruit.<br />
Il est urgent <strong>de</strong> mettre sur pied une stratégie plus globale.<br />
Recommandations<br />
Les acteurs impliqués doivent adopter <strong>de</strong>s stratégies c<strong>la</strong>ires et précises <strong>de</strong><br />
désarmement, <strong>de</strong> démobilisation et <strong>de</strong> réintégration <strong>de</strong>s éléments armés à<br />
risque. Le gouvernement <strong>de</strong> <strong>transition</strong> et <strong>la</strong> MINUSTAH se sont mis d’accord<br />
sur une p<strong>la</strong>te-forme <strong>de</strong> redressement et <strong>de</strong> reconstruction. La communauté<br />
internationale s’est engagée à fournir 1,085 milliard <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs à cet effet,<br />
qu’elle ne peut toutefois verser en l’absence <strong>de</strong> propositions concrètes ni<br />
d’analyse <strong>de</strong> l’ampleur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s besoins 4 . Le DDR et RSS sont<br />
à l’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s priorités en matière <strong>de</strong> sécurité humaine. Il est urgent <strong>de</strong><br />
disposer d’indications sur le nombre et <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s armes, le profil <strong>de</strong><br />
leurs utilisateurs, <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s incitations convenab<strong>les</strong> à <strong>la</strong> réintégration et <strong>de</strong><br />
mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>les</strong> capacités d’absorption nécessaires. Mais <strong>de</strong>s questions<br />
aussi élémentaires que <strong>la</strong> définition précise <strong>de</strong>s groupes à désarmer, à démobiliser<br />
et à réintégrer, l’implication spécifique <strong>de</strong>s FADH dans le processus, le<br />
dispositif <strong>de</strong> poursuite <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s droits humains et <strong>de</strong><br />
crimes contre l’humanité, et <strong>la</strong> volonté politique <strong>de</strong> participation <strong>de</strong> certains<br />
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Robert Muggah Haïti: <strong>les</strong> <strong>chemins</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>transition</strong> xxvii