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Haïti: les chemins de la transition - Small Arms Survey

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<strong>la</strong> campagne <strong>de</strong> rachat ont été contestés (Mendiburu et Meek 1996). Selon le<br />

porte-parole <strong>de</strong>s États-Unis <strong>de</strong> l’époque, le colonel Barry Willey, l’armée<br />

américaine remettait <strong>les</strong> armes à <strong>la</strong> police haïtienne, qui en <strong>la</strong>issait repartir <strong>la</strong><br />

plupart (Preston 1995). D’autres armes auraient été entreposées dans <strong>de</strong>s véhicu<strong>les</strong><br />

militaires pour être envoyées aux États-Unis afin d’y être détruites<br />

(Letterkenny, Pennsylvanie) ou déposées dans <strong>de</strong>s musées 122 . De bons informateurs<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Cité Soleil ont indiqué qu’un certain nombre <strong>de</strong> ces véhicu<strong>les</strong><br />

avaient été arraisonnés par <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s en 1994, mais que <strong>les</strong> représentants <strong>de</strong>s<br />

États-Unis avaient fermé <strong>les</strong> yeux.<br />

La campagne <strong>de</strong> rachat américaine a été finalement considérée comme un<br />

échec. Dès le départ, elle se concentrait sur <strong>les</strong> caches d’armes militaires et <strong>les</strong><br />

Tableau 5<br />

Rachat d’armes par <strong>les</strong> États-Unis (1994–95)<br />

Types d’armes* Restituées Valeur unitaire** Valeur approximative<br />

Pistolets 1,516 200 283,200<br />

Fusils d’assaut 504 800 403,200<br />

Mitraillettes 401 800 320,800<br />

Fusils <strong>de</strong> chasse 152 400 60,800<br />

Fusils 1,097 400 438,800<br />

Fusils L-G 21 800 16,800<br />

Mitrailleuses 1 1,200 1,200<br />

Pistolets <strong>la</strong>nce-fusée 2 100 200<br />

Total armes légères<br />

et <strong>de</strong> petit calibre<br />

Explosifs et dispositifs<br />

chimiques<br />

3,684 1,525,000<br />

6,512 399,950<br />

Total avec explosifs 10,196 1,924,950<br />

* Pistolets: calibres 0.38, PT 92, calibres 0.32 et 0.45 Fusils: M1, Monesverg, Flintlock, Percussion Armes automatiques:<br />

U21, Gaul, M16, AR18, FNFAL, FNFAP, M14 Armes lour<strong>de</strong>s: MG calibre 30, M240 COAX.<br />

** La valeur d’échange <strong>de</strong> ces armes a évolué au cours <strong>de</strong> l’intervention. Selon O’Connor (1996) et Richardson (1996),<br />

le montant offert pour <strong>les</strong> armes restituées avait été réduit <strong>de</strong> 50% à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’année 1995.<br />

armes collectives plutôt que sur <strong>les</strong> stocks d’armes individuels. Son approche<br />

était extrêmement sélective (Nairn 1996, p. 12) 123 . Même <strong>les</strong> commandants <strong>de</strong><br />

l’armée américaine ont qualifié le programme d’échec total en ce qui concerne<br />

<strong>la</strong> réduction du nombre d’armes en circu<strong>la</strong>tion et <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un environnement<br />

sûr et stable (US 2000; Harding 1994) 124 . Il y avait aussi <strong>de</strong>s problèmes<br />

institutionnels colossaux. Par exemple, <strong>les</strong> États-Unis et <strong>les</strong> Nations Unies ont<br />

été en désaccord à plusieurs reprises sur l’ampleur et l’efficacité <strong>de</strong> l’opération<br />

(Preston 1995) 125 . Du coup, il n’y a jamais eu <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ire volonté politique <strong>de</strong> désarmement<br />

national. Tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne <strong>de</strong> rachat, <strong>de</strong>s voix se sont<br />

fait entendre pour critiquer son efficacité. Par exemple, il semb<strong>la</strong>it en général<br />

que <strong>les</strong> armes étaient <strong>de</strong> très mauvaise qualité, <strong>les</strong> meilleurs atterrissant dans le<br />

programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> <strong>la</strong> police ICITAP du Département <strong>de</strong> Justice <strong>de</strong>s<br />

États-Unis. Ces <strong>de</strong>rniers ont été également critiqués pour n’avoir pas convenablement<br />

investi dans <strong>les</strong> renseignements locaux (pour déterminer l’emp<strong>la</strong>cement<br />

<strong>de</strong>s grosses caches d’armes). Des soldats américains ont affirmé à l’époque que<br />

<strong>les</strong> rachats avaient créé un “marché” <strong>de</strong>s armes, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> étant importées<br />

en contreban<strong>de</strong> par <strong>la</strong> République dominicaine ou <strong>les</strong> ports haïtiens (O’Connor<br />

1996).<br />

La campagne <strong>de</strong> rachat aurait coûté 1 924 950 dol<strong>la</strong>rs en tout, soit 522 dol<strong>la</strong>rs<br />

par arme remise 126 . Mais au lieu d’instaurer une culture <strong>de</strong> désarmement, elle<br />

aurait considérablement enrichi une petite minorité <strong>de</strong> membres <strong>de</strong>s FADH, du<br />

FRAPH et d’organisations criminel<strong>les</strong> (comme <strong>de</strong>s intermédiaires) 127 . Nombreux<br />

sont ceux qui ont profité <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne <strong>de</strong> rachat pour se débarrasser<br />

<strong>de</strong> matériel inutilisable et racheté avec l’argent ainsi reçu <strong>de</strong>s armes en état sur<br />

le marché noir. Selon certains informateurs opérant en Haïti à cette époque, <strong>les</strong><br />

armes remises étaient souvent apportées par <strong>de</strong>s personnes d’apparence aisée<br />

conduisant <strong>de</strong> coûteux Toyota Land Cruiser (O’Connor 1996). De plus, il y<br />

aurait eu ensuite <strong>de</strong>s fuites et <strong>de</strong>s armes réintroduites dans <strong>les</strong> circuits. Selon<br />

divers artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> presse, <strong>de</strong>s roquettes, <strong>de</strong>s munitions <strong>de</strong> canon, <strong>de</strong>s grena<strong>de</strong>s et<br />

<strong>de</strong>s fusils auraient disparu pendant ou après <strong>les</strong> opérations militaires en Haïti,<br />

mais on ne connaît pas <strong>les</strong> chiffres absolus (Freedberg and Humburg 2003).<br />

Des efforts ont été entrepris, parallèlement à cette campagne <strong>de</strong> rachat d’armes,<br />

pour démobiliser et réintégrer <strong>les</strong> soldats haïtiens. La campagne <strong>de</strong> démobilisation<br />

et <strong>de</strong> réinsertion <strong>de</strong>s FADH a été supervisée par le Bureau <strong>de</strong>s initiatives<br />

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