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Haïti: les chemins de la transition - Small Arms Survey

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ont besoin <strong>de</strong> réparations. Des activités quotidiennes—comme <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce<br />

<strong>de</strong>s frontières—ne sont pratiquement pas assurées faute <strong>de</strong> matériel convenable<br />

et <strong>de</strong> personnel. Le CCI indique que quelque 225 commissariats et souscommissariats<br />

seront nécessaires en tout pour couvrir l’ensemble <strong>de</strong>s zones<br />

urbaines et rura<strong>les</strong>. Le Commissaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Police <strong>de</strong>s Nations Unies a indiqué à<br />

<strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’année 2004 qu’il y aurait un effectif final d’environ 6 500 agents <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

PNH, soit un agent pour 1 300 civils 77 . Certains observateurs estiment que même<br />

avec l’accroissement prévu d’effectif, <strong>la</strong> nouvelle police ne suffira pas à garantir<br />

<strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s civils dans <strong>les</strong> zones urbaines et rura<strong>les</strong> en même temps 78 .<br />

La loi charge <strong>la</strong> PNH <strong>de</strong> contrôler et <strong>de</strong> réglementer <strong>les</strong> armes légères et <strong>de</strong><br />

petit calibre dans le pays. Les artic<strong>les</strong> 7 et 8 du décret prési<strong>de</strong>ntiel <strong>de</strong> 1994<br />

soulignent le rôle <strong>de</strong> contrôle que doit assumer <strong>la</strong> police en ce qui concerne<br />

<strong>les</strong> armes sur l’ensemble du territoire national, ainsi que sur <strong>les</strong> activités <strong>de</strong>s<br />

sociétés privées <strong>de</strong> sécurité. En théorie, le contrôle et l’enregistrement <strong>de</strong>s armes<br />

à feu relèvent <strong>de</strong> <strong>la</strong> Direction centrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> police administrative (DCPA);<br />

mais rien n’a été fait <strong>de</strong>puis 2002. Le Bureau <strong>de</strong> renseignements judiciaires<br />

(BRJ) et le Bureau <strong>de</strong> <strong>la</strong> police scientifique et technique (BPST), rattachés à <strong>la</strong><br />

Direction centrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> police judiciaire, doivent aussi surveiller <strong>les</strong> permis et<br />

suivre <strong>les</strong> crimes impliquant <strong>de</strong>s armes légères—mais ils n’ont eu pratiquement<br />

aucune activité <strong>de</strong>puis 2002. Le gouvernement haïtien a suspendu <strong>les</strong><br />

délivrances <strong>de</strong> permis <strong>de</strong> port d’armes nouveaux et le renouvellement <strong>de</strong>s<br />

permis existants en 2003, or il semble que <strong>de</strong> nouveaux permis soient apparus<br />

parmi <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s anciennes FADH. Ce qui veut dire que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s<br />

armes jusque-là licites sont en principe <strong>de</strong>venues illicites en Haïti.<br />

Malgré une longue tradition judiciaire <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents ans, le système<br />

légis<strong>la</strong>tif et administratif du pays s’en remet exagérément à l’exécutif et est<br />

paralysé par l’incompétence. Des efforts ont été faits pour lutter contre <strong>la</strong> corruption<br />

et restaurer <strong>la</strong> confiance du public dans <strong>la</strong> loi, comme en témoigne <strong>la</strong><br />

création d’une école <strong>de</strong> <strong>la</strong> magistrature avec l’ai<strong>de</strong> du gouvernement français 79<br />

et l’ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> personnel judiciaire ; mais <strong>la</strong> justice haïtienne continue<br />

<strong>de</strong> souffrir d’une pénurie chronique <strong>de</strong> ressources budgétaires et humaines et<br />

d’être privée d’un équipement <strong>de</strong> base. La f<strong>la</strong>mbée <strong>de</strong> violence armée <strong>de</strong> 2004<br />

a encore détérioré <strong>la</strong> situation: huit tribunaux au moins ont été détruits 80 et<br />

peu <strong>de</strong> juges assument leurs fonctions.<br />

L’absence ou <strong>la</strong> faible présence policière dans beaucoup d’agglomérations,<br />

ainsi que <strong>la</strong> fermeture ou <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> prisons début 2005 paralysent aussi<br />

<strong>les</strong> tribunaux. Beaucoup <strong>de</strong> juges nommés dans <strong>les</strong> cinq <strong>de</strong>rnières années<br />

continuent toutefois d’exercer leurs fonctions contre vents et marées.<br />

Les prisons constituent une autre source persistante d’insécurité humaine<br />

dans le pays. Les ban<strong>de</strong>s armées, <strong>les</strong> prétendus fronts <strong>de</strong> résistance et <strong>les</strong> OP<br />

contiennent une forte proportion <strong>de</strong> prisonniers évadés au fil <strong>de</strong>s ans—souvent<br />

mé<strong>la</strong>ngés à <strong>de</strong>s éléments corrompus <strong>de</strong> <strong>la</strong> PNH et <strong>de</strong> l’administration pénitentiaire<br />

(ICG 2005). En 2003, il y avait 21 centres pénitentiaires dans le pays,<br />

dont <strong>de</strong>ux prisons. L’OEA estime qu’ils employaient 600 gardiens—dont 52<br />

femmes—et accueil<strong>la</strong>ient plus <strong>de</strong> 3 800 prisonniers, dont plus <strong>de</strong> 80% étaient<br />

considérés comme en attente <strong>de</strong> procès. Début 2005, seulement 13 <strong>de</strong>s 21 établissements<br />

pénitentiaires—un peu plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié—étaient en fonctionnement.<br />

Les cellu<strong>les</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> police étaient surpeuplées et formaient souvent le seul centre<br />

<strong>de</strong> détention dans certaines régions. La quasi-totalité <strong>de</strong>s quelque 2 000 détenus<br />

évadés début 2004, pour <strong>la</strong> plupart en attente <strong>de</strong> procès, n’ont pas été repris 81 .<br />

Les prisons et l’administration pénitentiaire sont dans un état inquiétant.<br />

Malgré <strong>les</strong> formations fournies par <strong>les</strong> Nations Unies et l’OEA aux gardiens et<br />

aux éducateurs et <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> remise en état <strong>de</strong>s prisons effectués au milieu<br />

<strong>de</strong>s années 90, divers rapports du CICR, <strong>de</strong> l’OEA et d’Amnesty International<br />

(AI) parlent <strong>de</strong> “surpeuplement”. En janvier 2004, le CICR a eu en accès à <strong>de</strong>s<br />

prisonniers politiques (qui représenteraient 5% du total). Mais tout <strong>de</strong> suite<br />

après le renversement du prési<strong>de</strong>nt Aristi<strong>de</strong>, toutes <strong>les</strong> prisons se sont vidées 82 .<br />

Fin 2004, <strong>la</strong> PNH était parvenue avec <strong>la</strong> MINUSTAH à reprendre <strong>la</strong> moitié<br />

environ <strong>de</strong>s détenus en fuite 83 .<br />

Néanmoins, <strong>les</strong> informations fondées rapportant <strong>de</strong>s massacres en prison,<br />

dont seraient accusés <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> PNH, sont <strong>de</strong> plus en plus a<strong>la</strong>rmantes 84 .<br />

En février 2005, par exemple, un groupe d’hommes armés non i<strong>de</strong>ntifiés a<br />

pénétré dans le centre pénitentiaire national <strong>de</strong> Port-au-Prince et permis à 493<br />

détenus <strong>de</strong> s’éva<strong>de</strong>r. Le gouvernement <strong>de</strong> <strong>transition</strong> a immédiatement renvoyé<br />

<strong>de</strong>ux hauts responsab<strong>les</strong> du centre pénitentiaire et mis en détention huit gar<strong>de</strong>s<br />

pour complicité présumée dans cette évasion (UNSC 2005) 85 .<br />

Le rôle actuel et futur <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’ancienne armée (FADH) est une<br />

véritable épée <strong>de</strong> Damoclès. Les FADH ont été officiellement dissoutes en 1994<br />

18 <strong>Small</strong> <strong>Arms</strong> <strong>Survey</strong> Occasional Paper 14 Robert Muggah Haïti: <strong>les</strong> <strong>chemins</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>transition</strong> 19

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